Primaire citoyenne: premier bilan citoyen

16 octobre 2011 § 2 Commentaires

Quelle que soit l’aspect spectaculaire que les médias ont voulu donner à cette parenthèse politique, la primaire citoyenne organisée par le parti socialiste, au-delà du résultat que nous connaitrons ce soir, n’est en aucun cas une nouveauté dans la politique, un changement dans la façon de faire de la politique mais, tout au plus, une modification infime d’une tradition des partis politiques y consistait à faire désigner ces candidats aux élections par une commission interne. Alors certes, on se doit de saluer ce changement, mais on se doit aussi d’en souligner les limites, notamment l’absence de citoyens lambda au cours des débats, l’absence de neutralité des autres partis politiques dans le déroulement du processus, etc.

Si on se réfère au projet initial d’organisation de la primaire, les débats avaient pour but de permettre une interaction entre les citoyens et les candidats, d’échanger des suggestions sur le programme de chacun, d’enrichir ainsi le programme du parti socialiste.

Or, le grand absent de tous les débats télévisés aura été le citoyen lambda. il n’a été en aucun cas question des améliorations qu’il souhaite apporter au programme socialiste, des suggestions qu’il a affaire pour améliorer ce programme. Vous conviendrez que pour une primaire qui se qualifiait de citoyenne, la mise à l’écart du citoyen et de sa parole est une grave erreur.

Un autre grand absent de cette primaire aura été le débat contradictoire entre les candidats.

Mis à part la dernière partie du second débat qui a donné lieu à un véritable débat contradictoire entre les candidats, l’ensemble des quatre débats télévisés n’aura été qu’une très longue interrogation orale des différents candidats par  le système médiatique.

En effet, à aucun moment des citoyens ordinaires n’ont été autorisé à questionner les candidats. Que je sache, les journalistes qui ont été autorisés à mener les entretiens, ne sont en aucun cas les porte-parole des citoyens. Le fait même que le parti socialiste ait opté, alors que nous disposons actuellement de moyens technologiques qui permettaient de faire autrement, pour ce type de débat, en dit long sur la crainte qu’il avait d’être confronté à des questions de fond auquel les candidats auraient eu à répondre.

Ce faisant, cela a vidé le débat de toute interaction avec les citoyens. Les candidats se sont cantonnés à énoncer leurs promesses, leurs missions des choses et des problèmes, bref, à faire le service minimum qui sont habitués à faire le recul quel que soit le parti politique, pour être élus.

De la part d’un parti qui se prétend parti du changement, ce conformisme, ce traditionalisme politique et de très mauvais augure pour la suite. Vous comprendrez que reléguer volontairement le citoyen au rôle de spectateurs des débats, c’est vouloir le maintenir éloigné de la question politique, du pouvoir et de son exercice. Or le véritable changement , le seul qui permettra de reléguer l’économique au rang de moyen qu’il n’aurait jamais dû quitter, de redonner à l’Etat sa place essentielle dans le processus décisionnel,  passe obligatoirement par la reprise de pouvoir  du champ politique par les citoyens.

La primaire ayant pour but officiel de donner aux électeurs de gauche la possibilité de désigner le candidat qui représentera le parti socialiste lors de la présidentielle de 2012, afin que ce ne soit pas un comité Théodule qui, dans le plus grand secret des jeux d’appareils, désigne ce dernier, force est de constater, en observant le ralliement qui se sont multipliés pendant l’entre deux tours, en supputant les négociations pour des postes qui les ont sous-tendu, que cet objectif est quelque peu dénaturé.

Sommes-nous réellement sûrs que nous allons désigner un candidat finaliste uniquement sur son programme ou parce que tel ou tel ce sera rallié à lui ? Certes, on sait désormais (si on ne le savait pas déjà) qui soutient qui au sein du PS, qui le fait par conviction politique, qui le fait intérêts personnels, qui le fait pour être fidèle à ses engagements de campagne.

Et en cela, certains professionnels de l’OPA écologiste l’on très bien compris, quitte à mettre leurs militants, d’ici, quelque mois, dans une position difficile.

Pour mémoire, souvenons-nous que le parti écologique EELV n’a pas organisés de primaire ouverte à l’ensemble des électeurs de gauche  pour désigner son candidat à l’élection présidentielle de 2012. Se faisant, le message était clair, EELV n’entendait pas laisser quelques partis et électeurs que ce soit autre que ses militants et ses dirigeants s’ingéraient dans cette élection. Cela peut se concevoir parfaitement mais, ceux qui se conçoit nettement moins facilement c’est que ce parti politique vienne aujourd’hui prendre position pour un des deux finalistes et s’ingérer ainsi dans un processus auquel il a lui-même refusé de participer. En gros, certains leaders de l’EELV sont en train de nous dire : « je peux faire aux autres ce que je ne voulais pas qu’on me fasse » .

Reconnaissez que c’est une façon de faire de la politique extrêmement étrange qui révèle un manque de respect pour les autres très surprenants de la part de ceux qui réclament à cor et à cri le respect de l’environnement.

D’un autre côté, que pouvait-on attendre de personnes qui, au moment du débat sur la taxe carbone, ont montré de façon évidente leur mépris pour les classes les plus défavorisées de notre pays. Que pouvait-on attendre de personnes qui, on fait une OPA sur l’écologie et prétendent désormais être le seul à pouvoir en parler faute d’en faire.

À ce titre, remercions les socialistes d’avoir organisé cette primaire car elle aura permis de constater que malgré ce qu’ils prétendent, certains écologistes sont des apparatchiks du milieu politique qui, au même titre que leurs confrères de l’UMP, du FN, du modem, du parti socialiste, se sont saisis d’un concept, s’en sont collées l’étiquette, dans le seul et unique but de faire carrière en politique.Je plains sincèrement les électeurs écologistes d’être représentée par de tels individus. Et je leur souhaite bon courage  au moment de la campagne de 2012, pour expliquer qu’il faut voter Eva Joly après avoir dit, aujourd’hui, qu’il faut voter Aubry!

Reste a saluer l’unique avantage stratégique de cette primaire: avoir cloué le bec  à la majorité présidentielle.

Les réactions de la « faction agissante »  de la majorité présidentielle face à cette primaire sont quasiment jouissive et révélatrice de son désarroi face à la rupture de sa stratégie de campagne pour 2012. Jouissive et quelque peut révoltante quand on constate que nos ministre sont nettement plus mobilisés par  la primaire citoyenne que par le traitement du chômage, de la dette publique et la dégradation de notre système de sante.

Faut-il leur rappeler qu’il y a actuellement en France on doit frôler les 6 millions de chômeurs ?

Faut-il leur rappeler que la Dette Publique Française , au 1er trimestre 2011, atteignait le montant de 1 650 000 000 000 € ?

Faut-il leur rappeler que 29% des Français ont dû renoncer à se soigner ou reporter des soins faute de moyens ces derniers mois, 11% il y a 2 ans ?

Dans la mesure où un des piliers de son action politique actuelle et à venir est constitué par son omniprésence médiatique, la majorité présidentielle voit d’un très mauvais œil la mise en lumière d’une gauche qui veut lui prendre la place dorée et lucrative qu’elle considère comme la sienne ad vitam aeternam.

Et pour cause!

Outre qu’elle montre que d’autres solutions aux problèmes que rencontre le pays étaient possibles, alors que l’UMP affirmait que le PS n’avait aucun projet, aucun programme,  la campagne médiatique inhérente à la primaire fait de l’ombre au candidat perpétuel Nicolas Sarkozy, en reléguant ses gesticulations internationales à l’arrière-plan des préoccupations des Français. Elle vient casser la tentative de revalorisation d’ l’image internationale du candidat Nicolas Sarkozy à l’heure ou son bilan d’actions est une catastrophe et ou sa popularité est au plus bas.

Qui plus est, bien qu’imparfaite comme souligné plus haut, cette primaire citoyenne met en évidence une grave carence démocratique et républicaine de la droite français. Se sachant parfaitement incapable, parce que totalement divisée -pour ne pas dire émiettée – de mettre en place une primaire pour désigner le candidat qui représenterait la droite, le seul moyen de se remettre en scène – et de masquer cette carence – qu’a trouvé l’UMP va être de casser du gauchiste (traduisez du socialiste).

Réaction très dangereuse car les millions de téléspectateurs qui ont suivi les débats télévisés ont parfaitement pu se rendre compte par eux même qui si il y avait « gauchisme » ce n’était certainement pas un gauchisme « bolchévique », mais un gauchisme très « centriste »!

Au demeurant, tout autant que l’absence des citoyens dans la réflexion et dans la construction du programme socialiste, l’irresponsabilité de certains politiciens EELV vis à vis de leur militants et de la candidate de leur parti , et le désarroi évident des membres de la majorité présidentielle sont révélatrice d’une conception de la pratique démocratique totalement mortifère.

Au final, alors que la primaire citoyenne aurait pu être un moment de renouvèlement des pratiques politiques, elle ne fait que les conforter :

Le citoyen est relégué à la seule chose qu’on attend de lui : le vote

La participation des citoyens se réduit au NOMBRE de votant

Elle aurait pu être élargie  à leur apport en suggestion et en idée ainsi qu’a leur prise en considération dans l’élaboration du programme. Il n’en a rien été.

Ce sont toujours les professionnels de la politique ( élus et journalistes) qui prennent la parole

La question politique n’est abordée que dans le cadre d’un dialogue entre les journalistes et les représentants de la classe politique

La conséquence désastreuse de cette façon de faire est que l’électeur est enjoint de prendre parti pour une personne et non pour des idées, un projet, un programme. Il est réduit à une « machine à voter » .

L’organisation d’une primaire ne supprime en aucun cas les négociations d’appareils

Alors certes, j’espère que pour certains de mes concitoyens, cette parenthèse de la primaire citoyenne, aura été l’occasion de réfléchir sur leurs attentes en matière de pratiques démocratiques et sur leurs attentes vis-à-vis du personnel politique.

J’espère qu’elle aura été l’occasion de renforcer leur volonté de ne plus être spectateur mais acteurs de la politique.

Mais, je crains fort qu’au lieu de cela, elle ait produit, face au pitoyable spectacle de l’entre deux tours que nous ont donné le PS, le FN, l’UMP, EELV, un renforcement de la tendance à l’abstention.

Sources: Variae; Sarkofrance; Chomiste; La Tribune; Le Figaro; Intox2007 

Gauche de rustine ou gauche de changement?

6 octobre 2011 § 2 Commentaires

À l’issue des trois débats télévisés de la primaire socialiste et du visionnage de quelques meeting de campagne, la question qui se pose est avant tout de savoir si le plus grand nombre des électeurs a été suffisamment convaincu que la gauche française et notamment le parti socialiste est la seule force politique légitime pour mener le changement radical auquel aspire les Français.

Les propositions qui ont été faites, lors de ces trois débats, sont-elles suffisamment crédibles pour mobiliser les électeurs et les amener à voter  massivement pour le ou la candidate de gauche, lors de l’élection présidentielle et des élections législatives de 2012?

La question qui se pose aussi à moi est de savoir qui, parmi les six candidats à la primaire, partage le diagnostic de la situation de la France que je fais depuis plus de 10 ans, qui propose des solutions les plus proches de celles que je souhaite voir mettre en place et qui est le plus apte à me représenter, à me mobiliser activement pour la campagne présidentielle.

Dans l’état actuel de la société française, après la désastreuse expérience  de gouvernance ultralibérale Nicolas Sarkozy et de sa majorité présidentielle, les promesses qu’on ne tient pas  pour cause de crise ou de désaccord avec les pays de l’union européenne ne feront pas long feu.

Avec un tiers de la population active menacée de chômage, avec un tiers de la population qui renonce à se soigner par manque de moyens financiers, avec une paupérisation sans cesse croissante des classes moyennes et ouvrières  , la régression sociale  pèse lourdement sur un très grand nombre de Français.

Tous ont bien conscience qu’une caste de privilégiés est en train de se livrer à un pillage éhonté des finances publiques et des biens de la nation.

Tous ont conscience que ceci n’est possible que parce que l’élite économique, médiatique et politique du pays est dominée- soumise- par une idéologie libérale qui n’a pour but que d’enrichir une infime partie de la population sur le dos du plus grand nombre  . Si, il y a une vingtaine d’années, une part non négligeable de la population avait très bien compris ce que cette idéologie libéral pourrait lui permettre en matière d’ascension sociale , à l’heure actuelle elle ne peut que constater que c’est à son tour d’être sacrifiée sur l’autel de l’enrichissement de la classe dirigeante.

Il semble donc que le plus grand nombre de citoyens français ont atteint un excellent niveau de compréhension des effets et des causes du pourrissement du système économique et social . La brutale accélération de la dégradation du système de « vivre ensemble » qui est désormais diagnostiquée, analysée, comprise par une grande majorité de Français. Il est de plus en plus clair qu’après le temps de la compréhension du phénomène, nous arrivons à une période de réaction à ses effets. Cette réaction peut se manifester par des émeutes, par une très forte résistance au changement – qui se concrétisera par un vote pour le Front National – ou par une attente forte vis-à-vis du personnel politique de gauche de conduire à un changement radical de la situation économique et sociale en France. 

Changement dans la façon de concevoir la politique, de concevoir le rôle de l’État, de concevoir la gouvernance et le pouvoir de l’État vis-à-vis des pouvoirs économiques et financiers, de concevoir le rôle protecteur de l’État vis-à-vis des citoyens dans le rapport de forces qui les confrontent aux puissances économiques, financières et patronales. Autant d’attente de changement de la part de très nombreux citoyens français.

C’est donc à travers cette attente de changement systémique , qui ressort de différentes enquêtes et de mes propres attentes,  que j’ai abordé le troisième débat de la primaire.

Le point positif de ces trois débats c’est que les candidats semblent avoir compris que pour gagner les deux échéances électorales à venir il ne suffira pas de faire de l’anti sarkozysme primaire . Il ne suffira pas, non plus, d’agiter la peur d’une victoire du Front National, en s’appuyant sur des sondages alarmistes.

Pour ce qui me concerne, le bilan que je peux faire aujourd’hui, c’est que de toute évidence, parmi les six candidats à la primaire socialiste, nous avons deux groupes distincts qui se positionnent de façon différente par rapport à la problématique du changement :

Les poseurs de rustines

Le premier groupe constitué par Jean-Michel Baylet, Manuel Valls et François Hollande n’a jamais, au cours des trois débats ou de leurs meetings, remis en question l’idéologie libérale dominante. Les trois candidats semblent regretter les effets de la mise en oeuvre de cette idéologie, mais je ne ne les ai pas entendus remettre en cause le libéralisme économique tel qu’il se pratique actuellement.

À ce titre, on pourrait les qualifier de passifs . Leurs propositions consistent le plus souvent à amortir les effets du libéralisme, en posant quelques rustines de taille imprécises sur les trous qu’ils ont repérés, mais pas à mettre en place un système économique social et politique différent. Ils n’ont absolument pas compris ou accepté la nécessité, pour le plus grand nombre de leurs concitoyens, d’un changement radical d’orientation politique et économique. Ils condescendent tous les trois -du bout des lèvres et sous certaines conditions- à en réguler les pratiques les plus brutales. Ils sont , dans leur vision de l’État, sur un axe de soumission aux lois du marché. À noter qu’aucun des trois candidats n’emploie fréquemment le terme de changement.

Ce groupe attirera probablement des électeurs des classes moyennes aisées, qui sont actuellement peu impactées par la crise économique mais suffisamment choquée par la brutalité du mode de gouvernance de la majorité présidentielle pour ne pas vouloir voter pour le prochain candidat représentant la droite. Par contre, l’électorat de gauche (gauche du parti socialiste, Parti de Gauche, certains écologistes, LO, etc.) ne peut trouver ces candidats légitimes pour mener un véritable changement.

La gauche de changement

Le second groupe, constitué par Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et, sur certains sujets, par Martine Aubry, remet en question l’idéologie libérale et la toute-puissance de l’économie, voire même l’ingérence de cette dernière dans les domaines les plus privées de la vie des individus.Ce groupe semble plus apte à mobiliser les électeurs qui aspirent à un véritable changement. Quand bien même ces trois candidats ne sont pas notoirement des « révolutionnaires », ils entendent remettre l’État au pouvoir et lui redonner une capacité d’intervention et de régulation que 30 ans de laxisme politique ont totalement annihilée.

À ce titre, on pourrait qualifier ces candidats de proactifs. Les solutions qu’ils proposent visent toutes à mettre en place un système socio-économique différent du système dominant actuel. On note toutefois des différences importantes entre chacun des candidats. Elles portent essentiellement sur la rapidité et la profondeur ( radicalité?) du changement (VIe république, participation citoyenne, interventionnisme d’État, etc. ) qu’ils envisagent et de la place qui doit être donnée aux citoyens dans la mise en oeuvre du changement.

Néanmoins ils ont compris la nécessité d’un changement d’orientation politique, social et économique. Ils entendent faire de l’économie un moyen mis à la disposition de l’humain et inverser, ainsi, le processus actuel qui tend à mettre l’humain à la disposition de l’économie et de ses institutions (marché, banques, entreprises, etc.).

Ce groupe peut attirer les électeurs des classes moyennes qui commencent à être impactées par la crise économique et sociale. Il peut également attirer les électeurs qui ressentent le besoin d’un État fort, protecteur, actif et non soumis. Il est fort probable que l’électorat de gauche aura moins de mal à se rassembler derrière ce groupe de candidats, au moment des élections, que derrière les candidats du premier groupe.

L’attente des électeurs porte donc sur un changement du système économique, social et politique et si la gauche française veut remporter l’élection présidentielle de 2012, il est indispensable qu’elle montre, clairement et sans ambigüité:

  • qu’elle a compris la nécessité de changer, en énonçant clairement un diagnostic de la situation
  • qu’elle est d’accord avec l’objectif économique, social et politique du changement,
  • qu’elle est capable de mener ce changement, en un mot qu’elle est la seule force politique légitime pour mener ce changement.

Ça n’est qu’à ce prix là qu’elle obtiendra la confiance du plus grand nombre des Français.

À ce stade, il me paraît évident que le premier groupe de candidats ne correspond pas du tout à ces exigences. Je l’élimine donc. Reste à faire un tri entre les trois candidats du second groupe.

Pour que je leur fasse confiance, il est indispensable que dans leur discours je trouve des réponses aux questions suivantes :

  • Pourquoi changer ?
  • Qu’est-ce qui doit changer ?
  • Comment allons-nous nous y prendre pour changer ?
  • Comment allons-nous faire face aux résistances au changement qui tenteront de faire obstacle à l’atteinte de notre objectif de changement ?

Il est remarquable que seule Ségolène Royal, sur l’ensemble des thèmes qu’elle aborde tout au long de sa campagne pour la primaire, dans ses interventions médiatiques ou lors des meetings, répond chaque fois à ces quatre questions. Arnaud Montebourg et moins systématique. Il oublie parfois, notamment sur son projet de VIe république, d’être plus explicite, plus accessible. Martine Aubry n’est pas rompue à cette discipline et a un peu trop tendance à faire appel à l’affect plutôt qu’à une explication rationnelle. Cela peut lui jouer des tours, notamment lorsqu’elle parle de justice, quand on garde en mémoire le fait que elle n’a pas hésité à négliger la relaxe de Georges Frêche sur les accusations de racisme ou qu’elle qu’elle a pris le parti de Guerini contre Arnaud Montebourg en refusant d’examiner les preuves qu’il avait joint à son enquête.

Il est important, pour convaincre le plus grand nombre de Français de la capacité de la gauche à conduire le changement auquel ils aspirent , que les leaders politiques fassent preuve de qualités qui motivent profondément les Français à être acteur du changement.

En particulier il est indispensable que les candidats ne se montrent ni méprisants ni imprécis et qu’ils fassent preuve d’une volonté réelle de confiance dans la capacité des citoyens à participer à la recherche de solutions. Cela implique nécessairement que les candidats doivent maîtriser parfaitement une grande capacité d’écoute, de clarification des inconnus, d’intégration active des citoyens dans le processus de changement  , de mise en lumière de la pertinence du changement par l’explication  , sans méthode Coué, langue de bois, propagande ou prosélytisme. Ce sont les seuls comportements qui convaincront les électeurs de la pertinence du projet de changement .

Il est également indispensable que les candidats pour l’élection présidentielle soient des personnes reconnues, pour: leur expérience de terrain, leur ténacité à prendre en compte l’avis des citoyens et à élever de véritables contre-pouvoir à la toute puissance de l’argent  , leurs prises de positions et leurs actions antérieures sur des sujets où des problèmes ayant trait aux préoccupations des Français (le chômage , l’emploi ,la santé et la qualité des soins , le pouvoir d’achat  ), identifiées comme des personnes honnêtes et légitimes pour piloter le processus de changement.

Martine Aubry, qui s’appuie essentiellement sur son réseau d’élus locaux et son état-major du parti socialiste, ne fait pas preuve d’une grande capacité à prendre en compte l’avis des citoyens, à les intégrer dans la discussion sur la recherche de solutions. Je n’ai pas non plus connaissance d’une quelconque mise en œuvre d’un processus participatif de la part d’Arnaud Montebourg. Dès lors, je m’interroge sur leur capacité à générer une prise en charge de certaines actions de changement par les citoyens. Le peu que j’ai lu sur le projet de VIe république d’Arnaud Montebourg ne dénote pas, non plus, d’une volonté d’établir une république dans laquelle les citoyens se verraient réinvestis de pouvoirs de contrôle, de suggestions, etc.

Au final, Arnaud Montebourg et Martine Aubry, s’ils ont compris la nécessité d’un changement radical des axes économiques, sociaux et politiques de notre société, et semblent adhérer à cette idée, ne semblent pas avoir passé le cap du diagnostic pour en arriver à des propositions de solutions concrètes et détaillées.

Compte tenu de la situation actuelle et de la nécessité qu’il va y avoir, dès le lendemain de l’élection présidentielle, de mettre en place très rapidement des mesures législatives et règlementaires drastiques, cette impréparation pourrait être préjudiciable à la mise en œuvre du changement attendu par les Français.

C’est pourquoi, j’ai décidé de soutenir Ségolène Royal qui me semble bien plus prête à l’action volontariste, immédiate ( parce que concertée et préparée avec les citoyens français).

De fait, elle est la seule à pouvoir très vite générer une dynamique de changement en s’appuyant sur la base de la pyramide sociale française. Indépendante et soumise à aucun lobby ni à aucun appareil politique, elle est la plus à même de réaliser le rassemblement nécessaire à une œuvre commune car elle ne devra pas, en même temps qu’elle négocie avec d’autres forces politiques, préserver les intérêts de son parti politique.

Elle saura être intransigeante quand il le faut et faire preuve de beaucoup moins de complaisance vis-à-vis de ceux qui feront de la résistance au changement et de ceux qui ont annexé les pouvoirs de l’État.

Elle est, de loin, la candidate la mieux préparée à exercer une gouvernance de l’État et à apporter des solutions rapides et efficaces, grâce à l’expérimentation qu’elle a pu mener dans la région qu’elle préside.

Si, comme moi, vous voulez une présidente la république entièrement engagée dans le projet de changement socio-économique et politique de la nation française, créative, pragmatique, à l’écoute des Français, prête à partager le pouvoir avec les citoyens – et non à l’annexer au profit d’un clan- parfaitement préparée à piloter les changements nécessaires pour que nous puissions tous connaître un meilleur présent et un avenir florissant, je vous engage à aller voter massivement pour Ségolène Royal !

Sources : la Dépêche ; Sarkofrance ; Libération ; Politis; le Monde ; le Nouvel Obs ; Blog de campagne de Ségolène Royal ; la Tribune; Sondages en France

15 bonnes raisons de ne pas voter pour François Hollande lors de la primaire socialiste

4 octobre 2011 § 1 commentaire

Je sais, en écrivant ce billet  sur François Hollande, le “poulain conjoint des instituts de sondage, des médias de droite et de gauche”, que je vais m’attirer les foudres de tous ceux qui verraient en lui le candidat de la gauche le mieux à même de battre Nicolas Sarkozy.

Il ne s’agit pas pour moi de critiquer pour critiquer mais bien, pensant que Nicolas Sarkozy ne ferait qu’une bouchée de François Hollande – et donc empêcherait une gauche de progrès, de réels changements, d’accéder enfin au pouvoir pour mettre fin au carnage social auquel se livre la droite depuis 10 ans – de lister très précisément ce qui, de mon point de vue, constitue de très bonnes raisons de ne pas désigner François Hollande comme candidat du parti socialiste et encore moins de la gauche française à l’élection présidentielle.

  1. On a pu se rendre compte, lors d’un débat avec Thomas Piketty que François Hollande était incapable d’apporter des précisions sur l’imposition des plus values mobilières et immobilières
  2. Au cours du même débat, François Hollande refuse le taux de 60% pour les revenus mensuels de 100.000 euros au prétexte que ça ne concernerait que quelques milliers de contribuables ( les plus grosses fortunes au demeurant!) Il oublie que par effet mécanique, ça va obliger, si on veut renflouer les finances publiques) à augmenter les taux d’imposition des revenus moyens ou inférieurs !!!
  3. Le plus révélateur, lors de ce débat, de la vision pas vraiment pro répartition équitable des richesses de François Hollande se trouve dans sont affirmation que: « les versements d’ISF payés du vivant d’un contribuable viendraient en diminution des droits de successions dus par ses héritiers. » De fait, François Hollande oublie totalement le plus grand nombre de ceux qui n’ont pas d’héritage à transmettre ou qui ne veulent pas en transmettre? 
  4. En meeting à Rennes  , voulant probablement apparaître comme le pourfendeur suprême de Nicolas Sarkozy, François Hollande fustige les augmentations d’impôts, de taxes et de charges sous Sarkozy et…il propose d’augmenter encore + les prélèvements obligatoires  .Or, malheureusement pour lui, en économie comme en gestion, on définit le concept de prélèvements obligatoires comme l’ensemble des impôts, taxes et droits divers affectés au budget général de l’État auquel s’ajoutent les impôts affectés aux collectivités locales ainsi que  les cotisations sociales obligatoires des organismes sociaux officiels. François Hollande critique Sarkozy qui a augmenté les prélèvements obligatoires mais envisage de les augmenter encore plus!
  5. François Hollande  » ne crois pas à des solutions ni judiciaires ni administratives » pour sanctionner les entreprises qui pratiquent des licenciements boursiers ,  Il veut, reprenant une idée  déjà émise par lui le 20 Septembre 1999  , pénaliser financièrement les entreprises. Certes si à première vue sa solution présente l’avantage de faire entrer de l’argent dans les caisses de l’État (dans la mesure où les chefs d’entreprise paieront réellement les pénalités imposées) , elle n’empêchera ni les délocalisations préjudiciables à notre tissu industriel, ni les licenciements massifs et INJUSTES, et surtout elles ne permettront pas, puisque François Hollande n’envisage pas de leur réclamer toutes les aides de l’État qu’elles ont perçues, de punir sévèrement ces entreprises qui nuisent gravement à l’État français .
  6. Outre ce laxisme éhonté, François Hollande fait preuve à de nombreuses reprises de son incompétence à chiffrer correctement les mesures qu’il propose : il se trompe  dans le chiffrage de sa mesure de recréation des postes d’enseignants… .
  7. Qui plus est, il commet à nouveau une grossière erreur dans le calcul de son projet de « pacte générationnel » ou « contrat de génération »  Pour quelqu’un qu’on essaie de nous « vendre » comme un excellent gestionnaire, ça  la fout mal !
  8. Non content de faire des erreurs de calcul, François Hollande semble maitriser très mal les dossiers qu’il aborde. Ce qui l’amène à proférer des absurdités comme par exemple lorsqu’il compare l’emploi industriel en Allemagne avec l’emploi industriel en France .
  9. Non maîtrise du dossier à laquelle s’ajoute l’ imprécision. Par exemple dans son ciblage du pacte générationnel . En réalité, comme l’ont souligné quelques représentants syndicaux, si François Hollande applique son pacte comme il le prétend, il fera un très beau cadeau fiscal aux entreprises sans pour autant provoquer de nouvelles embauches.
  10. Pour en finir avec l’image du bon gestionnaire qui colle à la peau de François Hollande, il est bon de rappeler que avec environ 1400 euros de dette par habitant, le département de la Corrèze, dont François Hollande préside le conseil général, est l’un des plus en difficulté de France.  . D’aucuns pourraient me rétorquer que François Hollande a hérité d’une gestion catastrophique de la part de son prédécesseur. C’est oublier que François Hollande n’a pas été forcé de présider le conseil général depuis mars 2008, et que, en trois ans et demi, il n’a pas fait grand-chose pour faire diminuer la dette par habitant du département de la Corrèze.
  11. François Hollande a assuré que si un candidat à la présidentielle « n’est pas prêt à dire la vérité aux Français, mieux vaut qu’il ne se présente pas».  . Lui ne pourra pas être accusé de ne pas dire la vérité, car pour ne pas avoir à mentir il a opté pour une solution simple ( pas très honnête et quelque peu méprisante vis-à-vis des électeurs et du système démocratique), que nous a dévoilée sans le vouloir Jacques Attali: François Hollande n’a strictement aucun projet !
  12. C’est un adepte du « demain on rase gratis », cher aux démagogues qui ont ruiné notre Démocratie et les pays. « demain on rase gratis », par exemple sur le cumul des mandats: ” L’engagement que je prends, c’est qu’au lendemain de notre victoire de 2012, je ferai voter, si je suis dans cette situation, une loi prohibant le cumul des mandats et cette loi sera d’application en 2014 “ . Ben oui, quoi, aujourd’hui on peut pas…on a piscine! Ou comme avec les écologistes et les enseignants dont il veut s’assurer les voix en leur faisant es promesses qui n’engagent que ceux qui les croient…sans vérifier leur faisabilité.
  13. François Hollande est dans le paraître et la stratégie électoraliste – quitte à tricher avec les téléspectateurs  – pour masquer son imprécision sur tous les sujets qui exigent de la clarté, ou masquer son manque de savoir faire, et de compétence  . C’est probablement, si nous étions encore dans le cadre d’une présidence de la république se cantonnant au rôle de potiche, un des traits de caractère dominant de François Hollande qui collerait le mieux avec la fonction. Malheureusement pour François Hollande qui semble ne l’avoir pas compris, depuis 1958, la fonction présidentielle a considérablement évolué
  14. François Hollande est dans la posture : Il parle du pouvoir d’achat des ouvriers…mais il est absent à la Fête de l’Huma  et il absent au congrès des HLM . François Hollande préfère travailler sa posture de rassembleur . Alors qu’il néglige de façon méprisante, plus d’un tiers de la population française.
  15. C’est vrai que prouver ses capacités de rassembleur est très difficile pour celui qui en 2007 , alors qu’il était premier secrétaire parti socialiste, n’a pas su rassembler les socialistes autour de Ségolène Royal,  .
     

Voilà mes 15 bonnes raisons de ne pas voter pour François Hollande lors de la primaire socialiste et encore moins lors de la prochaine élection présidentielle de 2012, si par malheur il venait , par je ne sais quel miracle dont le PS a le secret, à gagner cette primaire dont le premier tout a lieu dimanche prochain.

Pour moi, François Hollande est le candidat de l’immobilisme. À trop vouloir se placer au-dessus de la mêlée , à trop vouloir prendre du recul, il est totalement satellisé dans une galaxie qui n’a plus rien à voir avec la société française, ses souffrances, ses craintes, ses espoirs, ses désirs de changement, ses aspirations à une autre façon de faire de la politique.

Pour finir, je ne peux résister à la tentation de vous citer quelques Verbatim qui illustrent à quel point F.Hollande n’apporte aucune réponse, est assujetti au pouvoir de l’argent et n’entend pas changer les choses, manque de créativité et n’est pas un candidat « normal » mais un candidat très banal, autant de défaut préjudiciables à un essors de la France vers un avenir heureux :

Hollande: « la question n’est pas de savoir s’il faut payer + d’impôts, mais qui va payer » 
remarque : à la date d’aujourd’hui nous attendons toujours la réponse de François Hollande à cette question du « qui va payer »

Aubry : « Tout ne s’achète pas par l’argent. »
Hollande : « Dans une société où tout est gouverné par l’argent, si » 
remarque : Avec une telle approche les affaires de valises et d’enveloppes ne sont pas prêtes de s’arrêter!!!

Hollande: “Il y aura NECESSAIREMENT 1 remontée des prélèvements obligatoires
remarque : Nécessairement? Ou serais compris que François Hollande est totalement   dans la ligné du « There is no alternative » (TINA « il n’y a pas d’alternative »)  de Margaret Thatcher!  Admirez la créativité du chouchou des sondeurs!

Hollande: « S’il n’y a pas cet effort partagé, il n’y aura pas de redressement »
remarque: C’est beau! En voilà un langage rassembleur ! J’ai juste un conseil à donner à François Hollande. Il devrait en parler avec François Fillon qui, depuis cinq ans, tient le même langage et n’aboutit qu’à faire éclater la majorité présidentielle!

Source : Cui cui fit l’oiseau ; section socialiste de l’île de Ré ; le Monde ; tout sur les impôts ; l’Humanité ; Prof en campagne ; l’Expansion ; le JDD ; le Figaro ; Libération ; l’Express ; France-Soir ; Arrêt sur Image ; le Nouvel Obs

Le licenciement boursier, explication de texte

1 octobre 2011 § Poster un commentaire

Parmi les idées clés de Ségolène Royal , candidate à l’élection présidentielle de 2012, figure une mesure clé : le licenciement boursier.
Il est dommage que certains, aujourd’hui 1er octobre 2011, prétendent encore que cette proposition correspond à la réinstauration du licenciement administratif ou bien qu’elle est inutile puisque la loi sur le licenciement économique  prévoit déjà de sanctionner les entreprises qui rentrent dans le cas de la proposition de Ségolène Royal.

C’est soit faire la démonstration qu’on n’a absolument pas lu le projet de loi de Ségolène Royal et/où qu’on connaît très mal la définition du mot économique tel qu’elle est donnée dans l’article L1233-3 Modifié par LOI n°2008-596 du 25 juin 2008 – art. 5 du code du travail. Car en aucun cas, le projet de loi de Ségolène Royal ne restaure le licenciement administratif tel qu’il existait avant sa suppression par le gouvernement Chirac, en 1986. et il n’entre absolument pas dans les cas ciblés par la loi sur licenciement économique.

Entre nous soit dit, je trouve extrêmement malheureux pour les 5 millions de chômeurs que connaît actuellement la France, qu’après l’alternance – qui a permis à Jacques Chirac et à son gouvernement de supprimer le licenciement administratif – Lionel Jospin et son équipe gouvernementale n’aient pas réinstauré l’obligation d’un contrôle administratif avant tout licenciement. Cela aurait évité bien des délocalisations, bien des chômeurs, et aurait été un premier pas pour freiner la mainmise des comptables et financiers sur la gestion des entreprises. Il est intéressant de constater que les mêmes ( leaders syndicaux et leaders du PS de l’époque ) qui ont livré les salariés à l’ultralibéralisme, qui entretiennent la confusion entre la proposition de Ségolène Royal et le licenciement administratif ou économique…

Alors, pour leur ouvrir les yeux et les oreilles, je leur conseille d’écouter attentivement l’explication que donne Ségolène Royal, lors de l’émission Le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ,  de ce qu’elle nomme le licenciement boursier et des raisons pour lesquelles elle veut faire voter cette loi. Ils constateront comme moi qu’à part si on considère que la Justice est une administration, il n’est en rien, et à aucun moment, question de faire trancher le litige administrativement.

Ségolène Royal ,lors du dernier meeting à Toulouse  , illustre que la solution qu’elle propose est une réponse à un constat partagé par toutes les personnes qui travaillent dans le domaine du salariat, de l’emploi, de l’entreprise, du droit du travail :

« Il y a une accélération de la destruction de l’emploi … Il y a une accélération des délocalisations, une accélération de ce qui est le plus nocif dans la mondialisation, et partout sur le territoire, des entreprises sont en train de mourir en silence, des salariés sont laissés sur le carreau … Il faut absolument changer les règles du jeu de ce système financier qui marche sur la tête, qui broie les salariés et la valeur travail … Il y a des autorisations de licenciement pour les licenciements économiques, il y a des autorisations de licenciement pour les mutations technologiques, eh bien, demain avec moi, il y aura des autorisations indispensables pour empêcher les licenciements boursiers« 

L’exemple de l’usine toulousaine de composants électroniques Freescale – qui va supprimer 821 emplois d’ici fin 2011, alors que cette entreprise a un carnet de commandes, à court, moyen et long terme, qui justifie le maintien de 821 emplois, alors qu’elle réalise des bénéfices faramineux et distribue des dividendes juteux à ses actionnaires – est en cela un excellent exemple de cette catégorie d’entreprises qui ne sont pas incluses dans ce texte de loi mais qui s’y réfèrent pour licencier alors qu’elles font des bénéfices (et donc non pas de difficultés économiques) et veulent simplement augmenter les dividendes de leurs actionnaires. À la différence des cas prévus par la loi en matière de licenciement économique, dans le cas du licenciement boursier, les entreprises ne rencontrent AUCUNE difficultés économiques, mais par des jeux d’écritures comptables, des interprétations tortueuses de la loi actuelle, elles peuvent, en toute impunité, licencier des milliers de personnes, fermer des usines et détruire le réseau industriel français !

On le voit dans ce qui précède, lorsque Ségolène Royal  parle de licenciement boursier, il ne s’agit pas de ces entreprises désignées dans le code du travail (Article L1233-3 Modifié par LOI n°2008-596 du 25 juin 2008 – art. 5) qui licencient parce qu’elles rencontrent des difficultés économiques ou ont a faire face à des mutations technologiques. Il y a bel et bien un vide juridique qu’il est nécessaire de combler et c’est ce que Ségolène Royal propose de faire en promettant d’inscrire dans la loi le fait que toute entreprise qui fait des profits n’aurait plus le droit de licencier pour causes économiques.

En cela, Ségolène Royal connaît parfaitement la loi et ses lacunes et elle connaît également parfaitement la définition du licenciement boursier , communément admise dans les milieux de la finance. Ce qui ne semble pas être le cas de ses détracteurs qui prétendent qu’il existe déjà une jurisprudence amplement suffisante et qu’il n’est nul besoin de modifier la loi. C’est un fait que la Chambre sociale de la Cour de cassation,a jugé au moins(1997) que pour respecter la loi une réorganisation devait être « effectuée pour sauvegarder la compétitivité de l’entreprise et non en vue d’augmenter les profits ». Néanmoins il ne faut pas oublier qu’en France, pays où l’égalité de traitement devant la loi, et non devant la jurisprudence, est une obligation, seule la loi s’impose à tous alors que la jurisprudence reste une interprétation possible d’un texte de loi et, de ce fait, est laissée au bon vouloir des juges.

Ségolène Royal a donc raison de vouloir inscrire dans la loi l’interdiction des licenciements pour les entreprises qui ont en priorité pour objectif de privilégier le niveau de rentabilité de l’entreprise. Précision importante qui n’est pas intégrée dans l’actuelle loi sur le licenciement économique.
En résumé, la proposition Ségolène Royal vise un objectif :
Toute entreprise (maison-mère et filiales) , de plus de 250 salariés , qui ferait des profits ne pourrait pas licencier.

Cette interdiction de licenciements boursiers est complétée par la possibilité pour l’État de  rentrer à son capital, de demander le remboursement de toutes les aides publiques reçues et de racheter l’usine pour l’euro symbolique: «ce sera en tout cas très dissuasif».

Le projet de loi de Ségolène Royal répond à une exigence de SERENNITE et CELERITE. Il s’appuie sur un dispositif de concertation et non sur l’administration publique : la démocratie sociale, le dialogue sociale . En cela, il n’a rien à voir avec l’autorisation administrative de licenciement . Le processus et les acteurs en sont, du reste totalement différents.

Le processus se déroule en trois phases :

Phase 1: Validation entre dirigeants de l’entreprise et les représentants des travailleurs du motif de licenciement et de sa légitimité économique

Issue 1: après vérification conjointe de la situation économique et financière de l’entreprise les parties concluent qu’il ne s’agit pas d’un licenciement boursier => feu vert pour licencier.

Issue 2:  il y a désaccord entre les deux parties sur la légitimité économique du licenciement . Le processus rentre en phase 2.

Phase 2: désignation d’un expert indépendant
En cas de désaccord, les deux parties s’entendent sur la désignation d’un expert indépendant (ce qui se fait en Europe du Nord et Allemagne en cas de litige) qui va dire si, oui ou non, les licenciements sont boursiers ou non.

Issue 1: si expert conclue qu’il ne s’agit pas d’un licenciement boursier => feu vert pour licencier.

Issue 2: une des parties est insatisfaite du jugement de l’expert indépendant. Le processus rentre en phase 3.

Phase 3: C’est à la justice de trancher
Le juge applique la loi, dit le droit, et statue sur la question du licenciement.
A ce stade du projet, je ferai deux réserves importantes :

  1. Compte tenu de l’état de dégradation de la confiance des salariés vis-à-vis des représentants syndicaux, compte tenu du faible taux de syndicalisation en France, compte tenu du très faible des positions très souvent pro- patronales de certains syndicats, ce point du projet mérite d’être approfondi pour que réellement les salariés, y compris ceux qui ne sont pas adhérents à un syndicat, soit présents dès le début de la phase 1 du processus.
  2. Il est indispensable de préciser le domaine de compétence des experts qui interviendraient en phase 2. En effet, force est de constater que ces experts ne peuvent être que des experts-comptables, ces derniers sont malheureusement trop souvent ceux qui donnent des conseils de management et de gestion qui les entraînent à s’orienter vers un licenciement boursier. Il conviendrait donc que ces expertises soient faites par des équipes pluridisciplinaires constituées par des comptables, des spécialistes des conditions de travail, de l’organisation du travail, qui effectueraient un véritable diagnostic exhaustif et une analyse prospective de l’entreprise .

L’objectif de cette proposition de loi est clair : il s’agit tout simplement d’ interdire que des entreprises licencient uniquement pour augmenter le profit des actionnaires et de vérifier dès le début d’une procédure de licenciements qu’il ne s’agit pas de licenciements boursiers.

Non seulement ce projet de loi vient combler un vide juridique dommageable pour les salariés mais également pour l’économie du pays,  mais il introduit une nouveauté qui réside dans l’examen et le contrôle préalable de conformité à la loi d’une décision de licenciement. Cet examen ne correspond en rien à une résurrection de l’autorisation administrative de licenciement, parce que le contrôle préalable est fait par des experts qui vérifient la situation économique de l’ENSEMBLE de l’entreprise ( maison mère + filiales) et parce que ce n’est pas l’inspection du travail qui tranche mais la justice et qu’elle fait à l’issue d’un dialogue social.

Ce projet n’offre certainement pas la protection maximale que celle que garantissait l’autorisation administrative de licenciement. Il est regrettable qu’à l’issue de la deuxième cohabitation certains socialistes n’est pas jugé bon de réintroduire cette autorisation dans le code du travail. Il est cependant choquant de voir que ces mêmes socialistes, au bout de 25 ans de ravages social, économique et humain se permettent de considérer avec mépris la seule proposition qui qui empêcherait les salariés d’être laminés par la recherche permanente d’encore plus de profits, au prétexte que c’est Ségolène Royal qui l’a fait.

Sources:  LégiFrance ; TF1 ; le Point ; Edubourse ; CT2E; force citoyenne 94

DSK: " trop important pour être poursuivi "?

28 septembre 2011 § 2 Commentaires

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn, avaient jusqu’aux 26 septembre minuit pour déposer leurs conclusions au sujet de la plainte au civil déposé déposée le lundi 8 août 2011. par  Nafissatou Diallo. C’est chose faite.

Et il faut reconnaître que les avocats de Dominique Strauss-Kahn n’ont pas hésité devant les moyens procéduraux pour essayer d’éviter à leurs clients un procès qui pourrait cette fois-ci le voir condamné alors que, jusqu’à présent, et contrairement à ce qu’il a affirmé sur TF1 lors de son entretien amical avec Claire Chazal, Dominique Strauss-Kahn n’a absolument pas été reconnu innocent des accusations de viol avec violence portée contre lui par Nafissatou Diallo. Il a tout au plus bénéficié d’une décision du procureur qui doutait de ses capacités à convaincre le jury au-delà du doute raisonnable nécessaire, aux États-Unis, pour qu’un jury prononce une condamnation. Aucun jugement prononcé par un tribunal de l’a déclaré innocent ou coupable.

Le but du présent billet n’est d’ailleurs pas de disserter sur la culpabilité ou l’innocence de Dominique Strauss-Kahn. Il est plus d’analyser les arguments de sa défense, présenté sous forme d’une requête de 25 pages , au juge du tribunal du Bronx qui suit la procédure. Document certes « bien raisonné, bien construit » mais qui est loin d’être convaincant et surtout qui soulève chez moi une énorme interrogation sur la personnalité de Dominique Strauss-Kahn.

Dans leur requête, les avocats de Dominique Strauss-Kahn prétendent que leurs clients, en tant que le directeur général du FMI, et malgré sa démission en date du 18 mai 2011  , bénéficiait d’une immunité judiciaire en matière civile « en vertu des règles établies par le droit coutumier international,  que toutes les juridictions fédérales et d’Etat se doivent de respecter, M. Strauss-Kahn était exonéré d’un procès au civil  « . Immunité qui, d’après les avocats de DSK, a perduré jusqu’à son départ des États-Unis, début septembre. Immunité totale qui, d’après les avocats de Dominique Strauss-Kahn, aurait pour conséquence,  d’obliger la cour à se déclarer incompétent pour la procédure en cours et à la rejeter.
Qu’en est-il de cette immunité de cette immunité dont nous parle la défense de Dominique Strauss-Kahn ?

Lorsqu’on consulte les Statuts du Fonds monétaire international  ( ARTICLE IX – Statut, immunités et privilèges – Section 8. Immunités et privilèges des fonctionnaires et employés) on constate que l’immunité des gouverneurs, des administrateurs, des suppléants, des membres du comité, des fonctionnaires employés par le fond monétaire international ne couvrent que les « actes accomplis par eux dans l’exercice officiel de leurs fonctions« .
Pour bénéficier d’une immunité en temps qu’employés du front monétaire international, il faut :

  • être en activité et pas à la retraite
  • agir dans le cadre d’une mission officielle, et non dans le cadre d’une activité personnelle
  • occuper effectivement et personnellement la fonction qu’on vous a attribuée

Il n’est en aucun cas question d’une immunité totale des personnels travaillant pour le fonds monétaire international quelque soit leur occupation. C’est d’ailleurs ce que William Murray, porte-parole du FMI , avait déclaré à l’issue d’un conseil d’administration du FMI : “Dominique Strauss-Kahn n’a pas l’immunité diplomatique pour les questions non liées aux activités officielles du FMI”. Il ne bénéficie de cette immunité que tant qu’il occupe la fonction.

l’International Organizations Immunities Act,  législation fédérale en vigueur aux Etats-Unis, à laquelle les avocats de Dominique Strauss-Kahn font référence dans leur requête, renforce d’ailleurs cette appréciation de l’immunité limitée en précisant que les fonctionnaires internationaux ne bénéficient de l’immunité que « pour les actes accomplis dans le cadre de leur fonction ». Or, Dominique Strauss-Kahn n’est visiblement pas au Sofitel dans le cadre de sa fonction . Si tel était le cas, il aurait occupé l’appartement de fonction que le FMI met à la disposition de son personnel dirigeant à New York. Autre point qui plaide en faveur d’une activité privée, c’est qu’à sa sortie de l’hôtel, Dominique Strauss-Kahn a lui-même précisé qu’il s’était rendu à un déjeuner avec sa fille qui ne travaille pas pour le FMI ni pour aucune instance internationale.

La Convention de Vienne, ratifiée par les États-Unis en 1972, précise il n’y a pas qu’immunité pour une « action concernant une activité professionnelle ou commerciale exercée par l’agent diplomatique dans l’Etat accréditaire en dehors de ses fonctions officielles. »

Si l’on regarde le cas de Dominique Strauss-Kahn:

  • il a démissionné le 18 mai 2011, ce qui veut dire qu’à partir de cette date il n’occupe plus aucune fonction qui lui permette de bénéficier d’une quelconque immunité totale ou partielle.
  • La fonction qui justifiait une telle immunité est occupée par Christine Lagarde dès le 28 juin 2011. Si l’on peut considérer à l’extrême limite, au regard du règlement du FMI, que Dominique Strauss-Kahn était couvert par l’immunité inhérente à sa fonction, c’est tout au plus jusqu’aux 28 juin 2011.
  • La plainte au civil est déposée le 8 août 2011, soit un mois et 10 jours après la fin de l’immunité dont bénéficiait Dominique Strauss-Kahn. On peut convenir que Dominique Strauss-Kahn était couvert par l’immunité diplomatique lorsqu’il a été arrêté et poursuivi au pénal mais, dans le cadre de la plainte déposée le 8 août 2011, il est inconcevable qu’ils bénéficient d’une immunité diplomatique à laquelle il a renoncé le 18 mai en démissionnant.
  • De l’aveu même de Dominique Strauss Kahn et de ses avocats, la relation avec Nafissatou Diallo na pas été une relation tarifée, commerciale, ayant eu lieu dans le cadre d’une activité professionnelle , la Convention de Vienne ne devrait pas pouvoir être appliquée dans le cas de Dominique Strauss-Kahn.

La requête des avocats de Dominique Strauss-Kahn relève d’une interprétation étonnante du concept d’immunité diplomatique. À les en croire, elle couvre son bénéficiaire 24 heures sur 24,  » ad vitam aeternam » et quels que soient les actes qu’il commet. Or, après consultation des textes internationaux portant sur ce sujet, il n’en est rien.

Le 12 octobre, ces avocats devront plaider leur demande de rejet de la plainte pour cause d’immunité de leurs clients, devant le tribunal du Bronx. À l’issue de cette séance, il appartiendra  au juge McKeon de décider si Dominique Strauss-Kahn était à New York ce week-end la à titre officiel ou pour affaire personnelle .

A suivre donc.

En attendant, en tant que citoyenne française, en tant que sympathisantes pour les valeurs et les idées socialistes, sans préjuger de la culpabilité ou de l’innocence de Dominique Strauss-Kahn dans cette affaire, je suis profondément choquée du comportement de celui qu’une certaine gauche a voulu m’imposer comme candidat à la Présidence de la République. Je trouve extrêmement choquante l’interprétation que les avocats de Dominique Strauss-Kahn font du concept d’immunité, probablement avec l’accord de leur client.

À les entendre, l’immunité diplomatique permet à ceux qui en bénéficient de faire tout et n’importe quoi, sans encourir la moindre sanction. Et leur client approuve « de fait » une telle interprétation.

Il accepte que  lui soit accordé un privilège exorbitant au droit commun. Privilège qui, dans des démocraties qui se respectent, ne saurait être toléré.

Il accepte, pour éviter un jugement qui somme toute, si il est réellement innocent, ne lui fait courir aucun risque, que ses avocats déposent une requête dans laquelle ils prétendent que leurs clients, au regard de sa fonction de directeur du FMI, est trop important pour être poursuivi …   Étonnant d’ailleurs que cet argument de l’immunité diplomatique totale n’est pas été avancé avec fermeté en mai 2011. Ça aurait évité à Dominique Strauss-Kahn bien des tracas, dont l’emprisonnement et le « rendez-vous manqué avec les Français » dont il se plaint tant !

Que Dominique Strauss-Kahn avance, au travers de la requête de ses avocats, de tels arguments, pour essayer d’éviter un procès, laisse planer un sérieux doute sur sa totale innocence et sur les valeurs morales et politiques dont il est porteur. Se croire au-dessus des lois est plutôt l’apanage des aristocrates et non de républicains et encore moins de vrais socialistes.

Pour ce qui me concerne, mon opinion est faite. Dominique Strauss-Kahn accepte délibérément, consciemment, de défendre l’idée que certaines personnes sur notre planète peuvent absolument tout se permettre sans encourir les foudres de la loi. Pour quelqu’un qui se prétend socialiste, donc égalitaire, se protéger de la sorte est un reniement d’une valeur fondamentale du socialisme. A titre personnel DSK réclame donc l’application d’un privilège exorbitant, ce qui pour un républicain se revendiquant d’un pays qui a aboli les privilèges est tout de même un comble!

Je ne vois, dans la requête des avocats de Dominique Strauss-Kahn, qu’une tentative désespérée mais extrêmement révélatrice d’une mentalité qui me paraît très éloignée des valeurs socialistes.

Je ne vois dans cette requête qu’une manœuvre procédurale honteuse qui, bien loin de laver l’honneur de Dominique Strauss-Kahn, entache gravement l’image « d’innocent » que l’ex-directeur du FMI tente de se construire.

Il y a, dans cette façon de se réfugier derrière l’immunité diplomatique, de ne pas vouloir se défendre à armes égales au cours d’un procès, une forme de lâcheté infantile qui, loin de susciter l’empathie, suscite chez moi le mépris et le soulagement qu’une telle personnalité n’est pas accès à la Présidence de la République Française.

Sources : cour suprême de New York ; le JDD ; Yahoo ; le Figaro; FMI; Reuters; le Point ; LCI ; 20minutes ; le Monde ; Ouest France

Primaire socialiste: C’est déjà ça…

16 septembre 2011 § Poster un commentaire

Prétendre, comme le fait Harlem Désir, que le débat qui a eu lieu hier soir sur France2, avec la participation des six candidats à la primaire socialiste, a été “grande soirée de télévision et de politique”, est un peu exagéré. Malgré tout, je suis assez contente de constater que cette émission a été regardée par 4,9 millions de téléspectateurs (ce qui représente une audience moyenne de 22% du public présent devant la télévision jeudi soir). Bien entendu, ces chiffres ne disent pas

  • si les téléspectateurs ont apprécié ou pas la prestation de chaque candidat,
  • si ,à l’issue de cette émission, ils ont été convaincu par les arguments des uns et des autres ou d’un candidat particulier,
  • ni, bien évidemment, pourquoi ils ont décidé de regarder l’émission.

Ceci étant, on peut tout de même supposer que, compte tenu du large choix d’émissions sur la TNT à cette heure-là,  ces 4,9 millions de téléspectateurs ne sont pas restées devant leur téléviseur parce qu’il n’avait pas mieux à faire ou à voir… Espérons, comme le fait Françoise Fressoz, journaliste au « Monde, que l’émission aura suscité « une forte envie de connaître le projet des socialistes. Et donc un appétit pour l’alternance« 

Je rejoins totalement Renaud Dély lorsqu’il affirme  :

« Le Parti socialiste a réussi hier soir un formidable exercice démocratique … la leçon de civisme du PS : elle a le mérite de contribuer à corriger les tares du césarisme plébiscitaire intrinsèque à la nature même la Ve République. »

Au final, il semble que les seuls déçus par cette émission soient :

Alors bien sûr, à l’issue de ce débat, certains partisans infantiles de chaque candidat, confondant, comme certains journalistes d’ailleurs, débat d’idées et matchs de boxe, ont sauté comme des cabris en tous sens, criant à qui voulait les entendre que le vainqueur du débat était… Il en fut même certains qui , pour tenter d’étayer leurs assertions, se sont appuyés sur des pseudo statistiques dont, comme le démontrent parfaitement Intox 2007, on ne peut tirer aucune conclusion analytique , et qui ne permettent pas de « dire qui a gagné dans ce truc.  »

Pour ma part, si j’ai regretté la forme inintéressante de cette émission – qui, dans sa première partie, réduisait le rôle des candidats à celui de postulants à un emploi auquel on demandait de faire une lettre de motivation (introduction de l’émission) puis de passer devant un grand jury de journalistes (comme si c’était les journalistes qui avaient seuls le droit de débattre avec les candidats) – j’ai très nettement apprécié le débat entre tous les candidats. Car c’était  la mieux à même de nous permettre, en tant qu’électeur, d’observer le comportement des candidats, tout en prenant connaissance de leurs différents points de vue.

En les écoutant, je cherchais à mieux connaître leurs capacités à résoudre démocratiquement – et non bureaucratiquement – les graves problèmes auxquels certains d’entre nous sont confrontés actuellement et que le plus grand nombre rencontrera dans un proche avenir si des solutions – innovantes, efficaces, supportable financièrement par l’ensemble des citoyens français– ne sont pas rapidement et intelligiblement proposées à notre choix.  C’est au travers de ce filtre de la « capacité à résoudre des problèmes sans en générer de nouveaux  et en recherchant constamment l’intérêt général », qui caractérise les qualités essentielles de la personne que j’envisage d’élire à la plus haute fonction de l’Etat  que porte l’évaluation des candidats qui suit.

Intelligibilité et cohérence des propos tenus

Il ne faut pas perdre de vue que cette émission a été regardée par un grand nombre de concitoyens qui ne passent pas leur journée ou leur temps libre à étudier, dans le détail , la vie et l’œuvre des candidats présents sur le plateau. Mais ils ne sont pas décérébrés et désinformés pour autant. Il était donc important que les propos tenus soient intelligibles et cohérents avec ceux tenus précédemment par les candidats.

À ce niveau, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Ségolène Royal devance de très loin Martine Aubry et François Hollande.

Lorsque David Pujadas demande si l’on pourra restaurer la retraite à 60 ans pour tous, Martine Aubry répond :

«Nous n’avons pas dit que nous ramènerions la retraite à 60 ans pour tout le monde, c’est de la caricature. »

Sur un sujet , qui a mobilisé des millions de manifestants s’opposant à la réforme des retraites, il eût été plus judicieux de Martine Aubry se souvienne qu’en juin 2010 elle l’avait bien dit  que les socialistes, une fois au pouvoir ramèneraient la retraite à 60 ans pour tous ! Son affirmation d’hier est incohérente et peut très bien être perçu comme méprisante vis-à-vis de ses concitoyens qui eux se souviennent parfaitement de ses propos.

Sur le même sujet, François Hollande est encore plus incohérent et plus incompréhensible lorsqu’il prétend que le projet du PS n’est financé qu’en cas de croissance à 2,5 % et  lorsqu’il agite le risque de creuser les déficits si on veut rétablir la retraite à 60 ans pour tous. En cela non seulement il est très flou dans les arguments qu’il donne mais, et c’est nettement plus grave, il utilise le levier psychologique de la peur, manipulation qui est l’apanage de l’UMP.

Le même François Hollande s’est redouble d’incohérence et devient incompréhensible dans ses arguments sur le nucléaire. À l’issue de ses explications, on ne comprend absolument pas si il parle de réduction ou de sortie du nucléaire à l’horizon 2025… et on comprend encore moins de quelle manière il compte solutionner le problème énergétique. J’ai même eu l’impression qu’à ces yeux il n’y avait pas un si gros problème que ça.

Esprit démocratique, technocratique ou bureaucratique

Ce qui caractérise les technocrates, c’est leur aptitude à n’aborder un problème quand le noyant sous un verbiage incompréhensible et déversé sur l’auditoire à grande vitesse. Et ce, surtout quand ils n’ont aucune solution à proposer et/ou quand la solution qu’ils avancent va faire des remous qu’ils redoutent.

À de nombreuses reprises, François Hollande a présenté ce type de comportement. Assénant très souvent des approximations de façon péremptoire, en haussant le ton, en accélérant son débit de parole, il a cru probablement impressionner ses auditeurs. Mais s’il n’en reste pas moins que ses propos, notamment en matière de déficit financier, sont totalement vide de toute solution concrète:

  • « Hollande: Je dis les mots que j’emploie ».
  • « Hollande: Nous ferons ce que les disponibilités de la croissance nous permettront »
  • « Hollande: Donc il faudra soutenir la croissance en prenant des mesures » 

Même en lisant attentivement ces deux phrases, sans a priori, au calme, il est extrêmement difficile de leur trouver un sens compréhensible par le commun des mortels, et encore moins l’ébauche d’un embryon de solution.

Martine Aubry, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet sont, eux, plus proche du langage bureaucratique qui se caractérise, tout le monde le sait, par la bonne vieille injonction « Y’a ka, Faut kon » jamais suivi de solutions concrètes :

  • « Baylet : « les PME françaises sont les moins exportatrices, il faut leur réserver 30 % de la commande publique » 
  • « Aubry : Il faut retrouver du courage politique. »
  • « Valls : il faut de la clarté sur notre système d’attribution des titres de séjour »

On le voit à la lecture de ces trois verbatim, l’auditeur reste sur sa faim et, faute de propositions de solution concrète, ne peut évaluer l’intérêt de la proposition qui lui est faite.

Ségolène Royal, et Arnaud Montebourg identifient le problème ET proposent des solutions.

  • « Royal  » ‘je veux mettre fin à l’hyperconcentration du pouvoir du président de la République »  (le problème : l’hyperconcentration du pouvoir du président de la république pose problème au fonctionnement de la démocratie)  « mieux répartir les compétences entre les différentes collectivités territoriales (la solution : on dit que les compétences entre les différentes collectivités territoriales)
  • « Montebourg sur les banques :  « Je préfère les mettre sous tutelle avant qu’elles ne nous mettent sous tutelle. » (Le problème : les banques vont nous mettre sous tutelle) « L’Etat entrera d’autorité au capital des banques, nous procèderons à l’interdiction de la spéculation avec l’argent d’autrui ».  (les solutions : entrée au capital des banques et interdictions de spéculer avec l’argent d’autrui)

Voilà, vous l’aurez compris, si, comme moi, vous comptez déléguer vos pouvoirs de citoyen à un chef de l’État qui saura innover en mettant en place des solutions qui ne sont pas celles que ses prédécesseurs appliquent depuis des décennies (avec le peu de succès que l’on connaît), si vous voulez que ce chef de l’État énonce clairement ce qu’il conçoit bien, à fin que vous puissiez contrôler sans difficulté qu’il tient bien les promesses qui nous a faites , ça  n’est ni vers François Hollande, Martine Aubry, Manuel Valls ou Jean-Michel Baylet que votre choix doit se porter.

Ils n’ont, malheureusement pour eux, pas les compétences nécessaires pour, en période de crise, orienter notre pays vers un avenir prometteur.
Le premier parce que , au final, il n’est que le portrait passe-partout de ces hommes et femmes politiques, férues de stratégie ( culture?) politicienne, dont le seul but est de faire prévaloir leurs propres intérêts ou celui de leur caste, et les trois autres parce que sans être aussi traditionaliste et conservateur que le premier, ils planent bien trop haut dans le système pyramidal, qui étouffe la grande masse des citoyens, pour avoir encore une once de savoir pratique susceptible de les faire agir dans l’intérêt du plus grand nombre. Le pire, ce qui les rendrait presque sympathique, c’est qu’en toute bonne foi ils se prévalent de valeurs qui sont contredites par l’observation de leurs actions et comportements.

Conclusion
A ce stade des débats, on ne peut vraiment dire si les arguments, plus ou moins fondés et vérifiables, qui ont été avancés par les participants à ce débat télévisé sont de nature à modifier l’opinion de la grande majorité des Français sur les programmes des uns et des autres. Cependant il est évident qu’un tel débat a permis à un grand nombre de téléspectateurs de s’intéresser au processus de la primaire qui aura lieu en octobre.
C’est déjà ça…

Sources : site d’Harlem Désir ; Reuters ; Le Monde ; le Nouvel Obs ; Richardtrois ; Gabale ; Intox 2007 ; le Figaro

 

Décidément, François Hollande aime la cuisine politicienne!

13 septembre 2011 § 1 commentaire

François Hollande, candidat à la primaire socialiste qui aura lieu les 9 et 16 octobre prochain, a donné hier, dans la salle du théâtre le Trianon, boulevard Rochechouart à Paris, son premier spectacle meeting de campagne.

Devant un parterre de militants compassés , qui faisait plus penser à une assemblée de notables qu’à un rassemblement de personnes convaincues qu’elles avaient sur la scène celui qui serait capable de réaliser l’unité du pays et sa résurrection, le premier secrétaire – quasi perpétuel – du parti socialiste a enfin esquissé, on ne peut plus prudemment, ce qui pourrait être éventuellement le tout début de son potentiel programme de gouvernement.

Ce faisant, il a aussi accumulé des messages qui ne laissent rien présager de bon au cas ou il serait désigné comme candidat socialiste pour l’élection présidentielle de 2012.

Il faut être aveugle pour ne pas réaliser que François Hollande, sous prétexte d’humour, n’a absolument pas la conviction profonde que la gauche française pourrait gagner non seulement l’élection présidentielle de 2012 mais encore les élections législatives qui suivront.

N’a-t-il pas prétendu que la primaire:

« c’est la seule élection que les socialistes (soient) sûrs de gagner« .

Certes, on pourrait me dire que, le Parti Socialiste n’étant absolument pas la gauche française dans son ensemble, cette petite phrase qui se voulait humoristique- mais avons-nous réellement besoin d’élire un clown pour que le pays soit sauvé?-  n’était que modestie socialiste de la part de François Hollande et un subtil appel du pied à l’union de la gauche.

Il se peut.

Mais du coup, il a oublié totalement que cette primaire est ouverte à d’autres candidats que les candidats socialistes. Jean-Michel Baylet appréciera…

Quant à rassembler l’ensemble de la gauche, il me semble que François Hollande a été très clair, lors de sa représentation scénique, en affirmant qu’à l’issue de la primaire il proposerait, si il est désigné, un contrat de gouvernement aux seuls écologistes !

Outre le fait que cela montre à quel point François Hollande est un adepte de cette cuisine politicienne digne de « la politique à la papa » qui a désertifié les bureaux de vote depuis 30 ans, elle montre parfaitement que loin d’être un homme convaincu par l’union de la gauche, il ne sélectionne ses alliés qu’au vu des résultats électoraux, en se moquant totalement des autres partis de gauche et par là-même de leurs électeurs.

Difficile après ça d’être crédible et de prétendre « NOUS AURONS BESOIN DE TOUS »! Cela m’étonnerait fort qu’aucun des militants et  leaders de la gauche ne lui demande pour faire quoi très exactement le candidat François Hollande a besoin de tout le monde… Pour jouer les faire valoir ? Pour coller des affiches et distribuer des tracts ? Pour tenter de motiver les électeurs à voter pour lui ?

Nous aurons tous bien compris que les seuls alliés avec lesquels François Hollande concèdera de gouverner seront les écologistes.

Voyons donc maintenant qu’elle est sa cible électorale.

En bon traditionaliste du “socialisme dépassé de ces 20 dernières années”, François Hollande cible manifestement les enseignants. C’est vers eux que depuis deux jours tend tout son discours. Il redonnera des moyens, il revalorisera leurs salaires, bref, pour François Hollande, seuls les enseignants ont souffert ces cinq dernières années et eux seuls méritent son attention.

Alors certes, le corps enseignant joue un rôle important dans notre société, dans le sens où c’est lui qui a en charge d’enseigner aux enfants les savoirs nécessaires à une bonne intégration sociale. Mais de là à ne faire de l’éducation que le seul axe politique d’un meeting, il y a de la marge.

Alors, on peut se demander, à l’issue de ce premier meeting si François Hollande est réellement un candidat normal.

Normal, il l’est au sens où rien, mais vraiment rien, ne le distingue de ces candidats  » parachutés par les appareils des partis  » qui viennent tous les cinq ans nous demander de voter pour eux pour le poste de maire, de député, et parfois même le président de la république, depuis des dizaines d’années.

Rien ne le distingue de ces candidats qui nous font des promesses vagues, qu’ils noient sous des discours ectoplasmiques  .

Rien ne le distingue de ces candidats qui nous promettent que demain on rase gratis tout en sachant parfaitement que le mandat représentatif qu’ils briguent ne les obligera en aucun cas, une fois élus, à tenir les dites promesses. Et à ce titre, on peut reconnaître à François Hollande et à son équipe de soutiens d’avoir parfaitement choisi le lieu de ce premier meeting. Quoi de mieux, en effet, qu’un théâtre, pour ne donner que ce qui est somme toute une représentation archi rôdée dans laquelle on va jouer un rôle, déclamer un monologue attendu par un public qui se prétend éduqué  plus que les autres, est déroulée une histoire dont les spectateurs connaissent parfaitement le déroulement…

Oui, si on aime la politique du “changez rien surtout”, François Hollande est un candidat “normal”. Reste à savoir si c’est le candidat dont les électeurs de gauche ont besoin pour faire changer totalement les orientations mortifères que leur pays a pris depuis 10 ans!

Au demeurant, à l’issue de cette soirée, on ne sait absolument pas ce que pense François Hollande de la situation actuelle, « ce qu’il a dans le ventre« .  Par contre on a pu constater qu’en bon apparatchik, au mépris de l’opinion et des choix des citoyens, François Hollande ne s’intéresse, à gauche, qu’aux écologistes et aux enseignants.

Pour les problèmes de pauvreté, de chômage, de pouvoir d’achat, de santé, de déficit démocratique, de sécurité, bref pour les problèmes de société qui préoccupent les Français, le message est clair:

Prière de vous adresser à d’autres candidats, car M. Hollande a d’autres priorités… Notamment celle de s’appliquer à réussir sa cuisine politicienne

Sources : Le Monde ; Europe 1 ; le Nouvel Obs ; Marc Vasseur

C’est quoi, un comité citoyen?

11 septembre 2011 § 3 Commentaires

Dans le « Contrat avec la Nation »  que Ségolène Royal a présenté samedi 10 septembre 2011, lors de son meeting de Montreuil, on peut lire au paragraphe 2 :

« Pour refonder la démocratie, je m’engage à consulter la Nation chaque fois que l’intérêt supérieur du pays l’exigera. Le référendum d’initiative citoyenne sera instauré et des comités citoyens encouragés. « 

Si nous commençons à être nombreux à savoir ce qu’est ce que devrait être un référendum d’initiative citoyenne, nous sommes manifestement plus nombreux à ignorer ce qu’est un comité citoyens.

Nos amis québécois connaissent parfaitement l’appellation comité citoyens, mais en France le législateur a préféré parler de comités de quartier ou de Comité d’intérêt de quartier (CIQ), ou d’Association d’habitants, et Comité d’intérêt local (CIL).

I- Fonction, mission et rôle des comités de quartiers:

C’est la loi dite « Vaillant  » n° 2002-276 du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité, Art. L. 2143-1 qui fixe, pour les communes de plus de 80 000 habitants, le cadre législatif de la création de comités de quartier.  Leur création est facultative dans les communes de 20 000 à 80 000 habitants.

La loi Vaillant définit les comités de quartier comme  » une instance consultative ayant vocation d’impliquer le plus largement possible la population concernée par une décision donnée. ».L’instauration de comités de quartier dans toutes les villes de France n’est pas imposée par la loi. En réalité, très peu de communes se sont dotées de comités de quartier. Il en existe cependant, sous des appellations différentes, à Tours, La Rochelle , Épernay , Toulon , Lyon, Marseille ou Épinal.

Ces comités sont des associations à but non lucratif, qui servent d’interface entre les habitants d’un quartier et les élus locaux (conseillers municipaux, maire, député de la circonscription ou se trouve le quartier). Dans le fonctionnement général des communes, les comités de quartier n’ont aucun pouvoir décisionnaire et leur rôle se résument très (trop) souvent un rôle consultatif.  Ils peuvent être consultés par le Maire pour tout type de problématiques et peuvent lui faire des propositions sur toute question concernant le quartier ou la politique de la ville.Un rôle consultatif lui-même très restreint dans la mesure où les conseillers de quartier ne sont pas éclairés par des avis d’experts.

En termes d’activité, les comités de quartier s’occupent particulièrement des questions d’intérêt général tel que la circulation dans le quartier, la propreté des espaces communs, les questions de voisinage, etc..

Rien n’empêche une commune d’encourager ( en créant par exemple un fonds spécial destiné à financer les projets des comités de quartier) et de soutenir financièrement les initiatives portées par les conseils de quartier. La ville de Lyon, par exemple, met à la disposition des conseils de quartier un dossier intitulé : « appel à projets en faveur des initiatives des conseils de quartier »

Comme vous pouvez le constater, en France – pays de la bureaucratie sublimée- l’initiative citoyenne est totalement bloquée, le comité de quartier représente plus la plus petite émanation du pouvoir administratif qu’une réelle instance citoyenne de décision et de contrôle des décisions. La création, la composition, les missions et la création de conseils de quartier sont entièrement contrôlée par le pouvoir politique, contrairement au Brésil, au Québec et à d’autres pays où se développent des comités citoyens d’initiative populaire apolitique.

Ceci explique peut-être quoi de nombreux citoyens français ignorent totalement que de telles instances existent dans leur commune. Et l’on comprend, notamment dans les propos de Philippe Breton, Chercheur au CNRS, pourquoi, pour les communes de plus de 80 000 habitants-  après la loi du 27 février 2002,  le bilan de mise en œuvre   est on ne peut plus mitigé.

II- Un bilan mitigé

Il est important de noter dès maintenant que l’idée d’élargir à l’ensemble des citoyens la participation à la prise de décision est perçue très favorablement par la population française. Le désintéressement, voir le mécontentement, des citoyens au sujet des comités de quartiers porte essentiellement sur leur fonctionnement.

1) des conseils de quartiers phagocytés.

La loi  du 27 février 2002 indique que c’est le conseil municipal qui, dans les communes de plus de 80 000 habitants, » fixe la dénomination, la composition et les modalités de fonctionnement des conseils de quartier. » En réalité, les membres des conseils de quartier sont souvent désignés par le pouvoir politique municipale. Les conseils de quartier apparaissent alors comme des représentants de la municipalité et non plus comme des représentants des habitants des quartiers ce qui est vide totalement de sa substance démocratique l’esprit de la loi du 27 février 2002 !

Autre problème qui dénature l’esprit de la loi du 27 février 2002 : force est de constater que de nombreux comités de quartier ont été phagocytés par des notables, représentant des associations installées dans le quartier (soupçonnés de n’être présents dans l’association de quartier que pour défendre leurs propres intérêts) ou par des habitants qui se révèlent en fait être très proches politiquement de certains élus, transformant ainsi le conseil de quartier en lieu de manœuvres politiques.

Mais le problème ne se limite pas au mode de nomination des conseillers de quartier, il s’étend aux missions et pouvoir fondamentaux des conseils de quartier.

2) des pouvoirs dérisoires, une formation incomplète

La création des conseils de quartier visait à fluidifier les rapports entre le politique et les habitants et surtout à développer un véritable esprit démocratique dans les quartiers. Mais, rappelons le, les conseils de quartier n’ont qu’un pouvoir consultatif. Ce qui fait qu’un maire peut parfaitement, en cas d’opposition du conseil de quartier à un de ses projets, passer outre et faire voter son projet par le conseil municipal. Certes, un tel comportement peut générer du mécontentement chez les habitants du quartier. C’est pourquoi, quelques maires indélicats essaient de contrôler les conseils de quartier (notamment faisant nommer des « hommes de paille » au conseil de quartier) et de s’assurer de leur part des avis consultatifs toujours positifs.

La mise en place depuis plus de 30 ans de ses comités de quartier montre que les conseils de quartier sont le plus souvent consultés sur des dossiers complexes sans être informé par des experts et ne bénéficient pas d’une réelle indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Dés lors, il leur est extrêmement difficile de se positionner fermement et de façon argumenté sur des problématiques qui impactent pourtant les habitants du quartier.

3) Une initiative citoyenne bridée

La loi  du 27 février 2002 a très certainement donné beaucoup trop de poids au conseil municipal , aux maires,et pas assez aux citoyens pour décider de la représentativité au sein des conseils de quartier.

Pourquoi ne pas laisser à une assemblée générale des habitants du quartier le soin de composer, par le biais d’une élection, l’équipe des membres du conseil de quartier ?

Une autre solution consisterait à désigner les membres du conseil de quartier par tirage au sort en se basant sur les habitants inscrits sur les listes électorales des bureaux de vote du territoire du quartier.

III- Des pistes de solutions

Les élus qui tentent d’entraver le processus décisionnel démocratique ne sont ni contrôlés ni sanctionnés. Il me paraît intéressant d’envisager des dispositifs “pénalisants”, pour que cessent ces pratiques.

Partant de là, on peut envisager que ce soient les conseils de quartier, leur pouvoir étant élargi au contrôle et à l’arbitrage des décisions municipales, qui arbitrent les litiges entre les décisions du conseil municipal et le résultat de la consultation des habitants d’un quartier. Il faudrait pour ce faire que le conseil de quartier est un pouvoir d’audition des parties concernées et un pouvoir de décision.

Bien entendu, un conseiller de quartier ne pourrait en aucun cas faire parti du conseil municipal ni d’une des institutions ou des entreprises parties prenantes dans la décision.

Pour que les habitants soient totalement informés des processus de décision qui les concernent, les séances de travail des conseil de quartier devraient obligatoirement être publiques.

C’est en substance ce que propose Ségolène Royal lorsqu’elle parle de comité citoyens.
On trouve sur le site Désir d’Avenir  un projet de mise en place de comités communaux des citoyens. En voici l’essentiel:

  • La création de ces comités serait laissée à l’initiative des communes mais les membres des comités seraient désignés par tirage au sort
  • Les fonctions de ces comités seraient élargies par rapport à celle des l’actuels conseils de quartier. Les comités de citoyens seraient associés avec les Cour des Comptes pour effectuer le contrôle du fonctionnement des assemblées et organismes publics est d’intérêt public au niveau territorial.
  • Ils auraient également une fonction d’enquête, d’études et d’avis.
    Il s’assurerait auprès des citoyens une fonction de relais et d’information pour tout ce qui touche au débat public.
  • Les membres des comités communaux de citoyens ne pouraient exercer qu’une seule fois ce mandat. Ils seraient formé aux droits et devoirs du citoyen et au contrôle démocratique. Ce mandat seraient assujettis à des droits et à des devoirs, notamment celui publié un compte rendu de son mandat

Conclusion

On le voit bien, le désintéressement des citoyens vis-à-vis de cette instance démocratique porte plus sur la forme que sur le fond. La question à laquelle il faut désormais répondre est la suivante :

Comment, en respectant la lettre et l’esprit de la loi, rendre les avis du conseil de quartier à la fois indépendant du pouvoir politique, suffisamment étayées par des expertises de toute nature, est réellement représentatif de la volonté des habitants du quartier?

Ségolène Royal est une des rares candidates à l’élection présidentielle de 2012 à répondre à cette question.

il me semble plus judicieux, à une époque où le taux d’abstentionnistes va grandissant à chaque consultation électorale, à une époque où d’aucuns prétendent résumer le bulletin de vote ou simple rôle du pompom d’une pompom girl, à une époque où les Français sont de plus en plus indignés de constater à quel point l’oligarchie française les exclus chaque jour davantage de la Démocratie, il me semble plus judicieux, plutôt que de ricaner aux propositions de Mme Royal, plutôt que de chicaner sur son appartenance réelle à la gauche, plutôt que, telle la moule accrochée à son rocher, de se cramponner à une hypothétique révolution qui sera inexorablement récupérée par ceux qui ne veulent en aucun cas qu’enfin le pouvoir s’exerce au nom du peuple, par le peuple et pour le peuple, il me semble donc plus judicieux de reconnaître que cette idée de comité citoyens, que Ségolène Royal développe, est une excellente solution républicaine et démocratique, parfaitement adaptée aux graves problèmes de déficit d’exercice démocratique que rencontrent les citoyens français.

Sources: le site de Ségolène Royal ; Intox2007; Ville de Lyon ; Argumentation ; Désir d’Avenir ; Google

PS Bouches du Rhône : Il y a des jours comme ça ou quand ça veut pas, ça veut pas.

10 septembre 2011 § Poster un commentaire

La mise en examen, jeudi 8 septembre, du sénateur socialiste et président du conseil général des Bouches-du-Rhône Jean Noël Guerini vient mettre un peu de piment dans l’insignifiante campagne pour la primaire menée par Martine Aubry et François Hollande.

En effet, au fil des charges, retenues par le juge marseillais, contre Jean Noël Guerini et du peu de cas que la direction du Parti Socialiste a fait du rapport d’Arnaud Montebourg, on est en droit de se demander à quel titre Jean Noël Guerini a pu bénéficier de l’inaction de François Hollande et de la bienveillante clémence de Martine Aubry.

Jean Noël Guerini – sénateur depuis le 1er octobre 1998 et président du conseil général des Bouches-du-Rhône depuis août 1998 – est soupçonné par la Justice de notre pays de « prise illégale d’intérêt, association de malfaiteurs en vue de réaliser un trafic d’influence » ainsi que de malversations présumées touchant à des marchés publics et impliquant son frère Alexandre. Cette mise en examen s’inscrit dans le cadre d’une enquête sur l’exploitation présumée frauduleuse de décharges, ainsi que sur l’obtention de marchés auprès de collectivités par des sociétés soupçonnées de blanchiment et de liens avec le banditisme 

Un malheur n’arrivant jamais seul, on apprenait ce vendredi soir qu’un adjoint au maire de Berre-L’Etang, dans les Bouches-du-Rhône, Raymond Bartolini, avait été mis en examen et écroué à Marseille dans le cadre d’un dossier de blanchiment touchant à des marchés publics instruit parallèlement à l’affaire Guerini.

Sans préjuger de la présomption d’innocence de ces deux « élus de la république », on peut tout de même s’interroger sur les fortes présomptions d’entente illicite, lors des appels d’offres lancées concernant les marchés relatifs aux déchets attribués en Provence-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon.

Surtout lorsqu’on apprend que le 7 septembre dernier, le président socialiste du syndicat d’agglomération nouvelle d’Ouest Provence, Bernard Granié, a été condamné par la cour d’appel d’Aix à deux ans de prison ferme, 100 000 € d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour corruption dans le cadre d’un marché public de collecte de déchets.

3 élus socialistes accusés de ne pas respecter les règles relatives aux marchés publics, dans la même région, vous avouerez que ça commence à faire beaucoup et qu’on n’est pas loin de penser qu’il y a là un système bien rôdé visant, notamment en matière de collecte de déchets, a abuser de son statut d’élu pour mener des affaires financières un peu glauques.

De fait, on peut se demander légitimement si, Benoit Hamon, le porte-parole du parti socialiste, n’oublie pas quelques “détails de l’histoire” lorsqu’il déclare à l’antenne de la chaine  i>Télé

« L’UMP cherche à  faire de l’affaire Guérini un dossier qui embarrasse le PS« .

Malheureusement je crois que depuis 10 ans le PS a TOUT fait pour être embarrassé par cette affaire sans l’aide de personne!

Il est probable que l’UMP-FN se réjouit fort de constater que Martine Aubry, première secrétaire du Parti Socialiste depuis sa nomination contestée à cette fonction le 26 novembre 2008, se retrouve avec trois élus socialistes de la même région devant répondre devant la Justice d’accusations de corruption, de blanchiment d’argent sale, de prise illégale d’intérêts ou de trafic d’influence…

Il est également fort probable que l’UMP-FN n’a certes pas oublié qu’avant Martine Aubry, c’était François Hollande qui, depuis le 27 novembre 1997, occupait la fonction de dirigeant du Parti Socialiste et qu’un système de corruption, telle qu’il apparaît  au fil des mises en examen et des procès, ne peut en aucun cas avoir été mis en place d’un coup de baguette magique. Pour qu’un tel système s’installe et fonctionne il faut au bas mot une bonne dizaine d’années…. Un tel système ne peut s’installer à l’échelle d’une région avec la complicité silencieuse de l’ensemble des élus socialistes. Il y a donc eu nécessairement, au moment où François Hollande était à la tête du parti socialiste, des alertes émanant d’élus locaux. Alertes dont il n’a pas tenu compte manifestement.

Très naturellement, comme l’a fait  à juste titre l’état-major du Parti Socialiste depuis 2007 pour chaque affaire judiciaire impliquant un membre de la majorité gouvernementale, l’UMP-FN ne saurait se priver, à l’aube des campagnes pour l’élection présidentielle et pour les élections législatives, d’exploiter les faiblesses, pour ne pas dire le laxisme, des deux successifs premiers secrétaires du Parti Socialiste. Il y a là une opportunité formidable pour eux de s’exonérer de débat de fond et d’un bilan calamiteux.

De la à clamer partout, comme le font Jean Noël Guerini et Benoît Hamon, qu’il y a machination et à sous-entendre que la Justice et les juges qui mènent l’enquête le font sur ordre du gouvernement… C’est aller bien trop loin et ne pas vouloir, une fois de plus se remettre en cause. C’est faire de la communication a bon compte en oubliant que les électeurs ne sont pas dupes.

C’est oublier un peu vite que depuis plus d’un an, au sein même du parti socialiste, une alerte avait été donnée concernant les agissements de Jean Noël Guerini. La direction du PS était-elle trop occupé à prendre le pouvoir et à placer ses pions pour entendre cette alerte?

C’est oublier que cette alerte lancée à Martine Aubry, dès le mois de juin 2010, n’a été examinée par le bureau national du Parti Socialiste que le 8 mars 2011. Pourquoi un tel délai ?

C’est oublier également qu’après avoir longtemps prétendu qu’elle avait perdu ce rapport Montebourg, Martine Aubry a déclaré qu’il n’y avait rien dedans et qu’elle a refusé de lire les preuves étayant ce rapport qui lui ont été envoyé par la suite. Il serait bon que Martine Aubry nous explique pourquoi, d’emblée, elle n’a pas voulu croire le député Montebourg qui, ayant mené une enquête pour l’Assemblée Nationale sur le sujet de la corruption, est de loin au parti socialiste le plus à même de détecter rapidement un système corrompu. Pourquoi Martine Aubry a-t-elle refusé de prendre connaissance des preuves étayant le rapport d’Arnaud Montebourg ?

C’est oublier le cynisme avec lequel François Lamy, le bras droit et homme à tout faire de Martine Aubry, a renvoyé Arnaud Montebourg « soutenir les candidats aux cantonales. Ce n’est pas responsable de mettre en cause une fédération sur la base d’affirmations péremptoires». Étrange comportement de François Lamy qui enjoignait le député de Saône-et-Loire d’aller soutenir les candidats aux cantonales de mars 2011 alors qu’il était notoirement connu qu’aux élections régionales de mars 2010  la Fédération et le Conseil général des Bouches-du-Rhône avait mené un boycotte non dissimulé de la campagne du Président de Région, sans qu’il ne reçoive aucune injonction de la part de Martine Aubry ou de François Lamy. Pourquoi ce deux poids deux mesures, dans quel intérêt  pour le Parti Socialiste ?

C’est enfin oublier le “cautère sur une jambe de bois” qu’a représenté le rapport d’Alain Richard et l’innocuité des mesurettes qui l’ont suivi… Réduire la taille des sections en laissant à leur tête ceux-là mêmes qui ont contribué au fonctionnement du système Guerini, c’est tout faire pour que le système continu à fonctionner. Reconnaître, comme le fait Alain Richard dans son rapport de contre-enquête que « Plusieurs des affirmations énoncées dans ce rapport » ne sont pas « dénuées de tout lien avec la réalité »  et ne rien trouver à redire au « système » Guerini, c’est pour le moins démontrer qu’on fait soi-même partie d’un système un peu glauque. Pourquoi si peu de changements alors que la situation était gravissime?

Autant d’incompétence, de mesquinerie, de petites cuisines électorales, de calculs politiciens, en un mot de laxisme dans le traitement de questions fondamentales qui impactaient les valeurs  d’honnêteté, de respect des finances publiques, de respect des statuts mêmes du Parti Socialiste, de respect des citoyens et des électeurs, ne peut passer inaperçu aux yeux de l’UMP- FN et encore moins aux yeux des électeurs de gauche.

C’est soit faire preuve d’une grande naïveté, soit faire preuve d’un profond mépris pour les électeurs de gauche que croire un seul instant :

  • que la direction du Parti Socialiste sera suivie par les électeurs de gauche dans l’affirmation de son porte parole qu’il ne s’agit, dans l’affaire Guerini, que d’une manœuvre politique
  • qu’il lui suffira d’argüer de la présomption d’innocence pour ne pas avoir à répondre de sa façon de gérer ce dossier, qui ne touche pas seulement Jean Noël Gerini mais une bonne partie des élus socialistes des Bouches-du-Rhône

Et quand je constate que Georges Frêche a été exclu très vite du parti socialiste, sans attendre que la justice le lave de toutes les accusations de propos racistes dont on l’avait affublé à tort, et que, alors que dans l’affaire Guerini ou l’on parle, excusez moi du peu, de crime pénale , d’association de malfaiteurs, de détournement de fonds publics, – comme dans l’affaire DSK ou l’on parle de viol-  Martine Aubry met en avant la présomption d’innocence,  j’en viens à me demander si les valeurs d’équité, de probité, qu’on peut attendre de socialistes, ne sont pas jetées par-dessus la jambe par certains d’entre eux, lorsqu’il s’agit de préserver un soutien électoral régional ou d’en abattre un autre.

Quand , en plus, je lis des articles de journalistes et d’internautes qui soutiennent François Hollande ou Martine Aubry, où l’on s’offusque qu’on ose mettre en doute l’efficacité, le sens des priorités, la réactivité de leurs « héros », où l’on semble découvrir que les adversaires politiques du Parti Socialiste ne sont pas suffisamment idiots pour ne pas aller chercher les « petits secrets cachés sous le tapis » des oligarques su PS, je me demande si vraiment ces gens-là pensaient sincèrement accéder au pouvoir simplement en nous berçant de promesses, en nous abreuvant des valeurs de la gauche sans jamais nous en donner l’exemple ou en nous assénant des concepts ésotériques tels que le « care » ou le « candidat normal ».

Que Ségolène Royal, Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon dérangent l’oligarchie socialiste se comprend mieux au vu du décalage entre les ronrons feutrés de salonards teinté de bureaucrates, coupés de la rudesse du terrain, persuadés que, de guerre lasse, les électeurs français les préfèreront à la droite gouvernementale et frontiste sans qu’ils n’aient à faire la preuve qu’on pouvait leur confier la remise en marche d’un pays ravagé par 10 années de libéralisme effréné.

Parler vrai, traiter rapidement les problèmes lorsqu’ils se présentent, agir pour le bien commun et non pour manœuvrer un appareil à son seul profit, démontrer chaque jour ses compétences réelles à maitriser des problématiques complexes en gardant en tête des valeurs républicaines et humaines semblent, à l’heure actuelle, hors de portée de Martine Aubry et de François Hollande.

Je pense même que l’inaptitude à gouverner dont ils ont fait preuve au travers de l’affaire Guerini est un handicap profond pour les campagnes présidentielles et législatives à venir. Et c’est extrêmement  préoccupant pour la suite des évènements car la mobilisation massive des électeurs de gauche au second tour est très compromise, à cause du comportement de François Hollande et de Martine Aubry dans le cadre de l’affaire Guerini qu’ils n’ont pas empêché à temps d’éclater.

Sources : le Figaro ; le JDD ; 20minutes ; Le Monde ; Sud-Ouest; Rue89 ; PS 13 ; Marsactu ; l’Express ; le Nouvel Obs

Jack Lang, s’immisce dans la campagne de la primaire socialiste. A quel titre?

8 septembre 2011 § 1 commentaire

Jack Lang n’a pas aimé les propos de Ségolène Royal concernant François Hollande et Martine Aubry que le journal le Figaro rapporte, en faisant croire que c’est au cours d’un entretien que la candidate à la primaire socialiste aurait accordé au Figaro (verbatim: “ assure Ségolène Royal au Figaro”. ).

Outre le fait que Ségolène Royal n’a pas accordé d’interview officielle au Figaro  et que, par conséquent, les propos rapportés ne peuvent être que des propos tenus en privé, hors du cadre de la campagne électorale, je trouve particulièrement déplacé que Jack Lang se permette de stigmatiser les propos attribués à Ségolène Royal.

D’abord parce qu’il me semble que le PS s’est doté d’une « Haute Autorité » – composée de trois membres (Jean-Pierre Mignard, Catherine Barbaroux et Rémy Pautrat) – chargée du bon déroulement de la primaire, dont J/Lang ne fait pas parti .  A quel titre Jack Lang  vient-il se positionner en juge arbitre des propos tenus (ou prétendument tenus) par Ségolène Royal en particulier?

Si telle est son ambition, autant qu’il fasse le travail correctement. Ce qui semble à ce jour n’être pas le cas :

En effet, pas plus tard que mercredi soir, à Toulouse, Martine Aubry ne s’est pas privée de mener une charge violente contre François Hollande et son indécision légendaire !

Et ça n’était pas la première fois.
Le 28 août, abordant la maire de Lille est néanmoins candidate à la primaire socialiste ne cachait pas son profond regret de l’inertie de son prédécesseur à la tête du PS concernant la fédération des Bouches-du-Rhône.

Puisque Jack Lang semble à court de sujets qui lui permettent d’exposer son bronzage et son brushing – immuable et impeccable- devant les caméras, je lui signale également qu’il pourrait englober dans son “indignation” les propos d’Arnaud Montebourg concernant le laxisme de Martine Aubry envers Jean Noël Gerini

Il peut également rappeler à l’ordre  André Vallini qui a estimé que ces attaques étaient « un aveu d’irritation, d’exaspération » et, en quelque sorte une réaction de mauvais perdants…

Comme on peut le constater au travers de ces quelques exemples, et n’en déplaise aux médias et politiciens qui aimeraient bien, comme en 2007, nous faire croire que Ségolène Royal est une personne qui divise les socialistes, force est de constater qu’elle n’est pas la seule.

Il faut être un peu benêt ou totalement fanatisé pour penser ou croire que dans un parti politique de la taille du Parti Socialiste il n’y a aucune division, aucun courant, aucune différence entre les candidats à la primaire socialiste.

Il y a même une certaine malhonnêteté intellectuelle à ne clouer au pilori que les propos d’une candidate et à oublier que les autres candidats tiennent des propos tout aussi « critiquables ».

Je ne saurais donc trop conseiller à M. Lang et aux médias qui seraient tentés de jouer à ce petit jeu de se méfier des retombées que cela pourrait représenter pour eux. Il me semble qu’avant de se poser en parangon de vertu, ils seraient tous mieux avisés de vérifier leur source et de ne pas s’en prendre uniquement aux candidats qu’ils ne soutiennent pas.

Quant à M. Jack Lang, je comprends qu’il s’indigne ( lui-même n’ayant pas un palmarès extrêmement brillant politiquement)  qu’on puisse se demander d’un homme politique quel bilan concret de 30 années de mandats électifs il peut présenter. C’est une démarche on ne peut plus citoyenne et responsable que de le faire. Pour le paraphraser c’est une saine démarche puisqu’il n’y a « pas mort d’homme ».

Ceci dit, que l’interrogation provienne réellement de Ségolène Royal ou qu’elle soit issue du cerveau fécond d’un journaliste du Figaro, à bien y regarder effectivement il me paraît extrêmement difficile, et ce non seulement en ce qui concerne le bilan nul de François Hollande  mais celui de bon nombre de nos politiciens et politiciennes, de répondre à la question:

« Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ? »

Pour ma part, et après avoir cherché désespérément toute la journée sur Internet, je n’ai trouvé aucun motif de satisfaction de l’action politique de François Hollande. Maintenir le PS pendant des années en état de mort chronique, réussir à prendre la tête du conseil général d’une région moribonde et ne pas donner à cette région une impulsion vivifiante n’est certes pas, à mes yeux, un bilan dont on pourrait se vanter. Ceci explique peut-être pourquoi Messieurs Lang et  Vallini préfèrent botter en touche et s’attaquer à Ségolène Royal plutôt qu’au bilan de François Hollande.

Sources : le Figaro ; Segorama ; le Monde; le Nouvel Obs ; L’Express; Le JDD; Ozap ; le Post ; le Parisien

Où suis-je ?

Catégorie Parti Socialiste sur Chez Louise.