Les pauvres se livrent au pillage, mais les riches aussi. Seulement, ils le font plus discrètement!

11 août 2011 § 3 Commentaires

En regardant, depuis deux jours, les images des émeutes qui ont lieu en Angleterre, et surtout en écoutant les commentaires des hommes politiques, qu’ils soient britannique ou  français, il m’a paru de plus en plus évident  que, soit nous avions à faire à une bande d’incapables , soit nous étions face à des individus de très mauvaise foi . La palme de la mauvaise foi revenant au vice-premier ministre Nick Clegg, qui a qualifié les émeutes auxquelles nous avons pu assister à de la « violence gratuite et du vol opportuniste, ni plus ni moins ».

Certes il est bien plus facile pour lui d’instrumentaliser à son profit le « choc » des images et de faire dévier le débat de fond sur des questions d’ effectifs policier ou de stratégie de Scotland Yard ou sur des questions de sémantique du genre « manifestation ou émeutes? ».  Il est vrai que face à ces images d’entrepôts en flammes, de vitrines brisées, de magasins pillés, il était facile botter en touche, et de ne pas remettre en cause un seul instant les décisions politiques qu’il a prise, entrainant la méfiance et le ressentiment  de certains habitants de quartiers défavorisés,  et leurs conséquences pour les plus démunis !

Il se pourrait, cependant, qu’enferrée dans sa logique néo-libéral, la classe médiatico-politique anglaise, jumelle de la classe médiatico-politique française au pouvoir, ne veuille pas comprendre que la politique qu’elle mène ( et soutient) depuis plus de 30 ans , entièrement dédiée au système financier et à sa seule prospérité, génère bon nombre de frustrations  au sein des populations. Frustrations qui peuvent très vite, et sans qu’on sache exactement pourquoi, dégénérer en révolution ou en émeutes sporadiques

Il est édifiant d’observer le vocabulaire utilisé par la majorité des grands médias pour qualifier les évènements du week-end passé : «zones de guerre»,. «Règne des gangs», «Les brutes dominent», «l’anarchie en Grande-Bretagne», «descente aux enfers». «un été de non-droit», «crétins incendiaires». Manifestement, il était de bon ton, dans les médias anglais, de faire « monter la mayonnaise »… Pensez donc, commettre un tel crime contre la société de consommation, s’apparente chez certains de nos contemporains à un crime de lèse-majesté  !

Seul signe de lucidité dans cette cacophonie de libéraux indignés et irresponsables, la voix de l’éditorialiste Mary Riddell, dans The Daily Telegraph  :

«Ce n’est pas une coïncidence si ces troubles éclatent alors que l’économie globale est au bord de la chute libre…Nos gouvernements successifs ont tous leurs responsabilités dans le développement de la pauvreté, des inégalités, de l’inhumanité, désormais exacerbés par la tourmente financière … Une partie de nos jeunes a basculé de l’autre versant de notre nation en ruine».

En Angleterre comme en France, quelques esprits plus affutés ont remarqué la propension des jeunes émeutiers à se précipiter dans les temples de la consommation, donnant ainsi la preuve de que leur mouvement n’avait rien de révolutionnaire, dans le sens où il n’entendait clairement pas s’ attaquer à la cause de leurs problèmes. On se retrouve donc avec une génération entière de  » lumpen à la fois enragés de leur exclusion et ne possédant pas les outils conceptuels pour la canaliser vers les vrais ennemis » ;

Mais rares sont ceux qui se sont interrogés sur la méthode utilisée et ont osé s’attarder sur la technique du pillage.. Elle est pourtant extrêmement signifiante.

Piller, c’est prendre à d’autres, de façon violente, ce qui leur appartient.

A ce titre, depuis plus de 30 ans, nous assistons tous, impuissants, à un pillage systématiques de nos économies, de nos acquis et il me semble que les jeunes des banlieues sont à bonne école. Il ne se passe pas un jour, dans notre monde libéral sans que n’éclate une affaire, au détour de laquelle on apprend que tel élu, ou corporation, a abusé de biens sociaux , a voté une loi pour ceux là même qui alimentent ( plus ou moins légalement) sont parti politique, à favorisé tel ami ou parent, est payé à ne rien faire….veut  ( ou obliger à) brader le patrimoine commun, voir même le pouvoir conféré aux Etats, avec la complicité de leurs dirigeants. Bref piller les Nations!

Oh certes, ce pillage est nettement plus discret que celui des jeunes émeutiers anglais… mais il n’en est pas moins un pillage violent.

N’avons-nous pas tous pu assister, au sauvetage des banques – qui sont en grande partie responsables des situations catastrophiques dans lesquelles bon nombre de citoyens se retrouve aujourd’hui – sans qu’aucune condamnation, peines de prison, sanctions ne leur soient appliquées? Plus fort encore, c’est à nous qu’on présente l’addition !

Et on voudrait que des jeunes gens et des jeunes filles, qui ne sont pas plus bêtes que nos banquiers, ne comprennent pas que le pillage peut se faire en toute tranquillité dans la mesure où on est en position de force?

Alors je trouve parfaitement hypocrite que les mêmes qui poussent des cris d’indignations et ne trouvent pas de mots assez forts pour stigmatiser les émeutiers, se tiennent coits et  détournent le regard quand ce sont les plus riches d’entre nous qui se livrent au pillage.Est-ce à dire que pour eux, le pillage est plus acceptable quand il se fait, à l’abris des regards, en toute discrétion?

Je trouve pitoyables nos compatriotes qui soulignent l’origine ethnique de ses jeunes banlieusards. Est-ce à dire que pour eux, il est plus supportable de se faire piller par quelqu’un qui a une peau blanche ? Est-ce à dire que pour eux, seuls les riches ont le droit de se livrer au pillage ?

Préfèrent-ils la technique du pickpocket de nos millionnaires à la technique de francs-tireurs des jeunes de banlieues?

Parviendront-ils un jour à comprendre ce que nous sommes désormais très nombreux à avoir compris et que si, comme l’ont très bien dit les « indignados » de Madrid, nous manifestons notre indignation c’est que : « nous ne sommes pas contre le système, c’est le système qui est anti-nous »…

Comprendront-il un jour que les pauvres se livrent au pillage, mais les riches aussi. Seulement, ils le font plus discrètement!

Sources : Le Monde  ; le Figaro  ; The Guardian  ; The Independent  ;The Daily Telegraph  ; Le Courrier International  ; le Nouvel Obs ; la Tribune ; comité de salut public  ; le Parti de Gauche  ; Piratages

 

Ruth Elkrief et la mauvaise foi.

5 février 2011 § 2 Commentaires

Ruth Elkrief, animatrice de la chaine de télévision BFM TV, a cru bon de « s’attaquer » à Ségolène Royal lors de son billet d’humeur du 4 février.

Au prétexte que Ségolène Royal avait gentiment averti Nicolas Hulot qu’une candidature médiatique ne marchait pas, Ruth Elkrief a cru bon de rappeler que Ségolène Royal n’avait pas hésité à médiatiser sa candidature. Ce faisant, indirectement, notre animatrice accuse Ségolène Royal d’être mauvaise foi.

Crédit: Youtube L’humeur du 4 février

Malheureusement pour elle, au travers de ce billet d’humeur, c’est toute la mauvaise foi de Ruth Elkrief qui est mise en évidence.

Car voilà une journaliste politique expérimentée, pas une débutante dans son métier, qui commence sa rubrique en ventant les exploits sportifs de N.Hulot sans se demander si ses exploits :

1- sont suffisant pour faire de N.Hulot un Président de la République digne de ce nom.

2- sont vraiment des exploits qu’on peut attribuer à Nicolas Hulot uniquement, dans la mesure ou ils sont accomplis avec une équipe de tournage, de nombreux consultants, assistants et donc ne sont pas individuels

3- réalisés un peu partout dans le monde, nécessitant du matériel, des déplacements en avion et en hélicoptère ou en bateau, donc polluants, ne sont pas en totale contradiction avec l’étiquette politique que serait censé représenter N.Hulot
A mon avis, c’est le minimum syndical qu’on aurait pu attendre d’un journaliste politique qui se respecte et qui respecte le principe de neutralité de la charte éthique des journalistes.

Mais croyant attaquer subtilement la candidate aux prochaines élections présidentielle, Ruth Elkrief, présente un « acte d’accusation », censé illustrer que S.Royal, a largement utilisé ce type de candidature. Notons au passage, que dans son intervention, Ségolène Royal ne nie absolument pas qu’elle a fait l’expérience d’une candidature médiatique. Elle dit très simplement :

« Les gens croient qu’être président, c’est toujours plus facile que ça parait. C’est un long travail, (…) il faut un projet, ça ne s’improvise pas…les candidatures médiatiques n’ont jamais réussi. Maintenant, on verra. Il [Nicolas Hulot . ndlr]est connu grâce à ses émissions sur TF1 essentiellement. (…) Porter un pays, ce n’est pas comme porter une émission de télé … Il est très sympathique au demeurant »
il n’y a, dans les propos de Ségolène Royal, rien qui permette de dire que cette dernière est de mauvaise foi, comme le sous-entend  Ruth Elkrief.

Mais cette dernière, probablement victime d’une brève amnésie, oublie deux choses qu’en tant que journaliste elle ne peut oublier:

1- Ségolène Royal, qui est très loin d’être une imbécile, elle, sait mieux que quiconque que ce type de candidature ne marche pas. Elle en a fait l’expérience, il y a déjà plusieurs années et en a tiré les conséquences. Il faut être aveugle ou borné pour ne pas avoir constaté que depuis déjà deux ans, Ségolène Royal a totalement changé de stratégie, de façon de communiquer, s’est séparée des mauvais conseillers en communication et en images qui l’entouraient, et que depuis, chacune de ses interventions ne porte que sur ses propositions et ses réalisations principalement dans le cadre de son mandat politique de président de la région Poitou-Charentes. Elle est donc très loin, depuis deux ans, d’une candidature médiatique uniquement basée sur l’image et l’apparence.

2- Dans l’expression « candidature médiatique », il y a « médiatique ». Ce qui veut dire qu’une telle candidature ne peut se faire que si les médias jouent le jeu… les médias et les journalistes qui y travaillent. La candidature médiatique est donc « un jeu » entre un candidat et des journalistes qui, pour alimenter les journaux et leur permettre de gagner de l’argent, recherchent les déclarations de tel ou tel candidat fait et n’hésitent pas à enfreindre parfois la loi, pour glaner une information ou une photo garantissant le scoop. Jeu dans lequel, effectivement candidat et journaliste peuvent se mettre d’accord ou pas. Mais aussi, jeu dans lequel le poids des responsabilités, si critique il doit y avoir, pèse tout autant sur le candidat que sur le journaliste. Si j’ose dire, la candidature médiatique est une boucle au sein de laquelle candidat et journaliste doit normalement trouver leur compte. Boucle dans laquelle il y a interdépendance entre candidats et journalistes.

Mais de cela, Ruth Elkrief ne nous a pas parlé, jouant la « Jean-Michel Apathie en jupons », croyant pointer du doigt la mauvaise foi de Ségolène Royal, et au final ne faisant qu’une chose : nous démontrer sa propre mauvaise foi. Car il faut être d’une sacrée mauvaise foi, pour prétendre que Ségolène Royal accuse Nicolas Hulot de « candidature médiatique » ( que je sache, ça n’est pas un délit reconnu par la loi), que les exploits sportifs de Nicolas Hulot en font un bon candidat à la présidence de la République, que sa prétendue écologie affichée, médiatisée, en fait le « pape de l’écologie », que Ségolène Royal aurait nié avoir par le passé utilisé les médias en tant que candidate, et, plus grave, que les journalistes dans le jeu de la médiatisation sont des agneaux naïfs qu’on manipule.

N’étant pas naïve que moi-même, j’ai tout à fait conscience que  Ruth Elkrief, dans son billet d’humeur, ne poursuivait pas un objectif journalistique d’information, mais qu’elle entendait bien apporter son obole à « l’antiroyalisme primaire » et, ce faisant satisfaire son employeur. Mais je trouve cela dommage car il arrive parfois que  Ruth Elkrief se montre un peu plus professionnelle et intéressante.
Source : YouTube ; Le Monde

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